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4 février 2008

1.1 Le Conteur

Genre : je suis pas très sûre…

Pairing : je suis pas très sûre non plus !!! LOL Normalement RW/DM

Rating : M tardif

Disclaimer : Tous les persos présents dans cet OS sont à JKR excepté Tom, Robert, la libraire et les mioches…

PS : j’ai pris certaines liberté concernant Thorfinn et Laura…

- J’ai un travail pour toi ! Annonça-t-il en jetant une pochette grisâtre devant le jeune homme.

- Harry Potter… eh bien, eh bien, c’était il y a combien de temps ? Deux ans, trois ans ? Demanda l’autre homme, d’une voix enjouée.

Harry s’avança jusqu’à toucher le large bureau d’acajou. La pièce était lumineuse, il ne s’y était pas attendu. Une plante verte agonisait dans un coin de la pièce et une pile de dossiers attendant d’être traités, reposait négligemment sur l’angle du bureau. Il avait tort, il le savait bien, mais que faire d’autre ? Il délogea ses mains de son épais manteau brun, le nez rougi, il profita de la chaleur de la pièce pour ôter ses gants.

Au fond de la pièce, de longues flammes séductrices crépitaient dans l’âtre, léchant le pourtour de larges buches rougeoyantes sous les assauts divinement corrupteurs. C’était l’hiver, il faisait très froid, tous attendaient patiemment la neige, Noël devait être blanc cette année. D’ailleurs ce mois de novembre était presque blanc si l’on considérait l’épaisse couche de givre recouvrant les voitures des muggles. Harry aimait particulièrement entendre les fines pellicules de glace se fissurer sous ses pieds, il était transporté par le craquement silencieux de ce duvet ferme et immaculé.

Il n’en avait soufflé mot à âme qui vive, à quoi bon ? Hermione l’en aurait probablement dissuadé et il n’était pas sûr que Ginny puisse comprendre, lui-même avait beaucoup de mal.

Un joli porte-manteau en fer forgé, élégamment travaillé conférait à la pièce une dimension classieuse que ne possédait certes pas le propriétaire de l’autre côté de la pièce. L’unique fenêtre était immense et c’était la première chose qu’il avait remarquée lorsqu’il avait pénétré le repaire de l’homme. Il aurait aimé en avoir une de ce style dans son propre bureau.

Seamus Finnigan le fixait toujours, son regard amusé n’atteignit pas Harry lorsqu’il répondit froidement :

- Deux ans, Seamus. Je ne pensais pas que tu aurais oublié si vite tant de litres de sang.

Seamus grimaça comme s’il avait soudain pris conscience des émanations pestilentielles de la pièce, comme si l’odeur du sang et des entrailles répandues se rappelaient à son bon souvenir, comme s’il était encore présent, debout, prostré sur un champ de bataille qui avait vomi, vomi ses héros, vomi ses soldats, ce champs de bataille qui s’était abreuvé de ce liquide carmin trop épais pour finalement s’y noyer et emporter comme un secret le dernier souffle des condamnés. Le sol ne prenait pas parti lui, la terre n’avait pas choisi, ensemble ils ont enveloppé les soldats des deux camps de leur manteau de poussière, le vent a balayé leurs gémissements de douleur et la nuit a emporté au loin leurs souvenirs dérangeants.

- Je n’ai pas oublié Harry mais je ne peux pas nier ne pas avoir essayé. Rétorqua-t-il franchement.

Harry soupira, soudain très las.

- Je sais, j’envie ceux qui y sont parvenus.

- Y en a-t-il ? Demanda philosophiquement Seamus.

La guerre s’était achevée sur la victoire de l’Ordre : Harry avait vaincu, de nombreuses pertes avaient été déplorées  mais le monde sorcier avait enfin trouvé une forme de paix relative. Ron et Harry avaient finalisé leur apprentissage et étaient devenus de brillants aurors tandis qu’Hermione avait ouvert son propre journal. Chaque année à Noël tous les membres de l’Ordre se réunissaient pour célébrer la victoire et honorer leurs héros : Fred, Mad-Eye, Dobby, Severus, Remus, Tonks, Ted, Edwig et tous les autres qui s’étaient battus férocement pour qu’Harry puisse les délivrer.

Ron et Harry avaient ensuite pris un appartement ensemble que George leur louait à un prix exorbitant _ « aucun traitement de faveur », avait-il certifié à Ron prônant les valeurs familiales comme un passe-droit _ mais il était spacieux, lumineux et ils pouvaient garder un œil sur George, juste au cas où car la perte de Fred l’avait dévastée.

- Alors Harry, tenta Seamus plus jovialement, qu’est-ce qui t’amène dans ce modeste bureau en plein cœur du Londres Muggle ?

Seamus croisa théâtralement ses doigts sur le bureau poli, plantant ses grands yeux verts dans leurs homologues.

Harry se surprit à penser qu’il ne manquait plus à Seamus que le traditionnel chapeau et le havane entre les lèvres et son ami d’autrefois aurait tout d’un parrain des plus dangereux. Il ne put s’empêcher de noter que la petite étincelle malicieuse qu’il avait du temps où ils étaient encore camarades de dortoir s’était fanée. En fait, Seamus Finnigan avait vieilli. Ses cheveux blonds avaient poussé et de légères rides ornaient à présent son visage, juste au creux de ses yeux, la vie avait tracé son sillon.

Harry pour toute réponse esquissa un léger signe de tête vers le dossier se trouvant toujours sur le bureau.

Seamus tendit la main vers la petite pochette sans quitter Harry des yeux pour autant, l’air vaguement intrigué, mais lorsque ses yeux se posèrent sur l’unique feuillet que comportait la chemise, son regard se ternit, son visage s’assombrit et il sembla à Harry que tout son corps s’était figé.

Il leva les yeux, ils n’avaient plus rien d’amusés ni d’intrigués, une sourde colère y grondait et une tempête furieuse s’y déchaînait.

- C’est une plaisanterie ? Attaqua-t-il rageusement.

- Non. Dit fermement Harry.

Harry avait muri avec la guerre et les années. Bien entendu, il avait conservé son impulsivité toute gryffindoresque, la même qui l’avait conduit dans ce bureau alors que Noël approchait à grand pas, mais sa formation d’auror lui avait appris à garder une certain maîtrise en situation critique, indispensable à la survie d’un bon auror. Et son instinct lui signifiait que la situation était définitivement critique.

- Alors tu as perdu l’esprit ! C’est hors de question Harry tu m’entends ! Éructa-t-il. Son visage s’était empourpré sous la colère mais Harry tenait bon.

- Seamus, je te le demande comme un service. Déclara-t-il presque solennellement.

- Tu ne t’adresses pas à la bonne personne ! Poursuivit Seamus.

- Je m’adresse au meilleur et toutes les opinions convergent, c’est toi le meilleur ! Rétorqua-t-il d’une voix posée.

- C’est vrai mais je refuse. Lâcha Seamus plus calmement.

- Je te paierai ce qu’il faudra. Insista Harry.

Seamus n’y tint plus et se leva brusquement de sa chaise, effectuant rageusement les cents pas derrière son bureau, ses mains esquissant de drôles de gestes, nerveux et imprécis.

- Bon sang Harry ! Mais ce n’est pas une question d’argent ! Tout l’argent que contiennent les coffres de Gringotts me sera bien inutile quand j’aurais tous ces fous furieux sur le dos ! On ne pose pas des questions à ces types sans en subir les conséquences !

Son ton était désespéré à présent et Harry percevait sans mal la pointe de panique s’étant glissée subrepticement dans la voix nasillarde de son ami.

- Je paierai aussi une équipe pour ta protection s’il le faut ! Réitéra Harry, il était résolu à ne pas fléchir.

Seamus secoua la tête de dépit.

- Tu es vraiment déterminé hein ? Demanda Seamus résigné.

Après tout, pouvait-on réellement refuser un service au Survivant ? Pouvait-on résolument renier le Sauveur ? Pouvait-on consciemment désavouer un ami ?

Harry hocha fermement la tête.

- Mais pourquoi ? Implora-t-il presque accablé.

Le regard d’Harry vacilla quelques secondes. Pourquoi ? Il n’en avait aucune idée. Il sentait que c’était quelque chose qu’il devait faire. Il n’avait aucune idée de ce qu’en seraient les conséquences, il en tremblait même un peu parfois mais il sentait simplement que c’était juste.

- Je ne peux pas te le dire Seamus. Répondit-il franchement.

- Je n’ai pas l’habitude de poser des questions à mes clients Harry mais ce que tu me demandes…

Seamus n’acheva pas sa phrase pourtant Harry hocha de nouveau la tête, il comprenait, ce qu’il sollicitait n’était pas facile, les risques encourus étaient grands et plus que tout il appréhendait l’issue pénible de ses démarches mais il avait confiance. Seamus ouvrit la pochette grise qu’il avait refermée et fixa le soyeux rectangle de papier glacé…

- Très bien Harry. Recontacte-moi d’ici la fin de la semaine et j’aurais peut-être quelques infos sur lesquelles rebondir. Termina-t-il d’une voix peu sûre.

- Merci Seamus. Dit simplement Harry avec gratitude.

- J’espère sincèrement que tu sais dans quoi tu mets les pieds… Murmura-t-il songeur.

Et Harry quitta le bureau de l’agence de détective la plus en vue du Londres sorcier et muggle.

Lorsqu’Harry rentra à l’appartement, il trouva Ron en grande conversation avec Hermione, il savait enfin se servir d’un « feliphone ». Après des mois de durs labeurs et d’explications prolifiques, Ron ne hurlait désormais plus dans le combiné.

- Allo ? Oui… oui Hermione… non… Souffla-t-il exaspéré. Oui Harry a mangé ce midi ! Comment ça c’est ma mère qui demande ? Oui ! QUOI ??? Hors de question que je lui répète ça ! Tu n’as qu’à dire à Ginny de transmettre ses messages elle-même ! Non je n’oublierai pas ! Oui… à samedi Hermione… Hermione… j’ai dit à samedi… Hermione je vais raccrocher maintenant !

Et il claqua le combiné sur le poste fixe alors que de bruyants éclats de rire lui parvenaient de la pièce à côté.

Ron le dévisagea, les bras croisés, son pied battant la mesure sur le parquet ciré.

- Je t’aurais bien transmis un message de la part de Ginny mais je viens déjeuner… Plaisanta Ron pauvrement.

Harry pouffa puis reprit rapidement son sérieux.

- Est-ce qu’on fête toujours Noël chez toi cette année ?

Harry vit le regard de Ron s’assombrir comme à chaque fois qu’il mentionnait cette fête. Il se souvenait pourtant que Ron adorait Noël du temps de Hogwarts.

Il était toujours le premier levé le matin de Noël, les yeux brillants de ces petites étoiles flamboyantes qu’il n’avait plus vues depuis une éternité, il fondait sur les paquets plus vite qu’un rapace sur sa proie, il déchiquetait les emballages que tous avaient peiné à rendre parfaits. Harry le soupçonnait de prendre un certain plaisir à voir virevolter les miettes de papiers cadeaux, qui pendant ces froides nuits d’hiver, ressemblaient à s’y méprendre aux doux flocons blancs flottant au gré de la brise glaciale parcourant les couloirs du château.

Cependant depuis que l’amalgame entre cette fête merveilleuse et la terreur de la guerre avait été fait, Ron n’aimait plus sapins richement décorés pour l’occasion, il n’aimait plus ces horribles chants traditionnels et ces chorales larmoyantes à tous les coins de rues, il n’aimait plus le vieil homme barbu qui n’existait que le temps d’une nuit et qui allumait ce feu crépitant sous les paupières des enfants endormis. Noël n’était plus qu’une formalité pour Ronald Weasley, juste un mauvais moment à passer, inévitable, inéluctable, inexorable.

- Parce que, continua timidement Harry, j’avais pensé qu’on aurait pu le fêter ici cette année…

Ron secoua la tête.

- Non, tu sais bien que ça tuerait maman de ne pas contrôler la fête, je crois qu’elle a besoin de ça. Peina à articuler le rouquin.

Ron avait changé, il ne savait si cela avait commencé avec la guerre ou bien après. Son comportement s’était radicalement transformé. Le Ron impulsif n’existait plus, il avait cédé sa place à un ersatz maussade. Il n’avait plus cette candeur enfantine. La fraîcheur taquine et espiègle de l’âge tendre l’avait délaissée pour un nihilisme inquiétant. Il n’avait plus goût à rien, il menait sa vie, jour après jour de la même manière, ne semblant rien attendre, rien espéré. Il se trainait, il existait mais n’y prenait aucun plaisir, il était juste là, espérant toujours être ailleurs. Seul son métier d’auror semblait lui procurer une ébauche d’émotion, une vague contrefaçon de frisson alors qu’il traquait chaque deatheater avec un acharnement maladif.

Harry ne pouvait s’empêcher de penser qu’il traquait plus qu’un deatheater, il traquait toujours plus qu’un serviteur du mal, Harry pensait qu’il traquait son diable à travers chacun de ses démons.

Hermione s’était beaucoup inquiétée après leur rupture, bien doux euphémisme alors que la culpabilité l’avait dévorée toute entière mais elle avait finalement réalisé que cette relation passionnelle ne les menait nulle part, ils s’entredéchiraient chaque jour un peu plus jusqu’à ce que l’un d’entre eux, Hermione, ait le courage de dire stop avant que cet éréthisme ne mette un terme définitif à leur amitié vétuste. Après cet épisode hasardeux, ils étaient tout de même restés proches et Hermione avait tout fait pour ragaillardir son ami.

C’est ainsi d’ailleurs qu’elle rencontra un ancien camarade de Hogwarts en la personne d’Oliver Wood, gardien de l’équipe nationale de quidditch avec qui elle avait réalisé une interview. Elle avait pu obtenir pour Ron grâce à lui des billets pour toute la saison, Harry en avait été malade de jalousie mais s’était tempéré après avoir constaté que c’était l’une des rares fois où Ron avait eu un vrai sourire, un de ceux qui se lit aussi dans les yeux et pas uniquement sur les lèvres.

Hermione avait souvent revu Oliver et cela faisait quelque mois que leurs relations avaient dépassé le cadre de la simple amitié. Harry et Ron aimaient beaucoup Oliver et les deux jeunes gens passaient beaucoup de temps à leur appartement, Oliver amenait souvent Ginny avec lui, puisqu’elle avait été sélectionnée comme poursuiveuse dans l’équipe nationale. La rouquine filait le parfait amour avec le Survivant.

- D’accord alors, ce sera au Burrow ! Soupira Harry.

C’est vrai qu’il aurait aimé que la fête se passe à leur appartement cette année et ce, pour de nombreuses raisons, pourtant il ne pouvait nier à quel point il appréciait de retrouver le Burrow chaque année, le premier foyer où il s’était vraiment senti chez lui.

- D’ailleurs, il faudrait penser aux cadeaux ! Tu as une idée toi ? Demanda Ron dont l’ennui se lisait parfaitement sur ses traits.

Harry secoua vivement la tête.

- Pas vraiment mais on pourrait peut-être se rendre à Diagon Alley samedi, on achèterait tout en une fois…

Si Harry aimait Noël, trouver le cadeau parfait était une vraie torture pour celui qui avait vaincu Voldemort. Si certaines personnes savait indubitablement faire mouche à chaque fois, Harry lui ne savait définitivement pas faire plaisir, il partait toujours de la plus merveilleuse des attentions, mais ses cadeaux avaient une fâcheuse tendance à faire un bide…

- Moi, tu sais, du moment que j’ai quelque chose pour toi et Hermione ! S’exclama Ron.

- Qu’est-ce que tu voudrais cette année ? Tenta timidement Harry.

Harry vit les prunelles de Ron se figer, les pupilles sombres immobiles, évanescentes, agonisantes, puis ses grands yeux bleus s’éteignirent et moururent dans un clignement destructeur et Harry se mordit la lèvre regrettant aussitôt sa question. Il n’avait jamais remarqué que ses yeux pouvaient changer si rapidement de nuance chromatique.

Ron se contenta de hausser les épaules, puis un mince sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il ajouta :

- Si quand je rentre du boulot épuisé, tu pouvais ne pas être entrain de faire je-ne-veux-pas-savoir-quoi à ma petite sœur… ce serait le plus beau jour de ma vie !

Harry ricana, il savait que Ron évitait de façon pitoyable le sujet mais il ne voulait pas le braquer.

                   

- Monsieur Finnigan, je suis désolé mais vous ne pouvez pas entrer avec votre baguette. Les règles de la prison sont strictes et aucune entorse au règlement n’est tolérée quelque soit le visiteur. Annonça froidement le gardien. Il semblait avoir bien appris sa leçon et la récitait avec application.

- Très bien, soupira Seamus en tendant sa baguette.

Après une fouille en règle, Seamus reprit son attaché case et s’engagea, en compagnie du gardien, dans l’un des longs corridors de la prison d’Azkaban.

L’air y était toujours glacial et les patronus étaient interdits sous peine de procurer aux prisonniers un moment de bien être suffisamment long pour qu’ils puissent s’échapper. Tout y était sombre, seules quelques faibles torches illuminaient leurs pas, dessinant de nébuleuses ombres opaques et terrifiantes sur les parois humides de l’obscur purgatoire. Il semblait à Seamus que les rats venaient gratter jusqu’au cuir hors de prix de ses chaussures neuves pour une faible ration de nourriture mais Seamus ne voulait pas baisser les yeux, bien trop effrayé à l’idée de ce sur quoi il devait être entrain de marcher.

La pierre était presque noire et il pouvait entendre le frémissement des vagues sur les rochers, seul son qu’il jugeait un tant soit peu apaisant. Seamus devait se concentrer s’il voulait chasser ses horribles souvenirs refaisant surface, il n’aimait pas cet endroit, il était démoniaque, et il évitait toujours de s’y retrouver, pourtant cette fois, il n’avait pas le choix.

- Alors Tom, apostropha-t-il le gardien pour distraire son esprit de ce calvaire interminable, comment va la famille ?

Seamus connaissait Tom depuis la guerre et il n’avait appris que récemment qu’il avait été affecté à Azkaban.

- Oh, Très bien Monsieur Finnigan, notre petite dernière entre à Hogwarts à la rentrée prochaine ! La maison sera bien vide sans les enfants ! Répondit-il une pointe de tristesse dans la voix.

- Ils reviendront pour les vacances ! Rassura Seamus. Et puis Hogwarts est une très bonne école, la meilleure, si vous voulez mon avis !

- Oui j’ai appris que c’est là où vous aviez fait vos études ! Déclara le gardien d’un ton enjoué.

- Exact ! Sourit Seamus.

- Avec sa mère, on espère qu’elle ira à Ravenclaw, elle est vraiment intelligente la petite !

- J’en suis sûr ! Ma femme était à Ravenclaw vous savez !

Le gardien eut un sourire extatique puis s’arrêta au détour d’un long couloir.

- Je n’ai pas le droit de vous accompagner plus loin Monsieur Finnigan, c’est la partie réservée aux criminels les plus dangereux…

Il se pencha prudemment vers Seamus pour lui dire à voix basse :

- … Seuls les dementors ont le droit de circuler dans cette partie de la prison. Mais ils ont été avertis de votre visite, ils devraient vous laisser tranquille ! Ne trainez pas trop quand même, ces créatures sont vicieuses ! Le numéro de la cellule est le 323 et ne vous inquiétez pas, on a jeté un sort de soumission sur le prisonnier, il ne pourra vous faire aucun mal mais vous ne pourrez pas l’empêcher de vous insulter ou de refuser de vous répondre. Vous avez une heure, je vous attends ici. Dit-il finalement en désignant une chaise que Seamus jurerait n’avoir pas été là quelques secondes plus tôt.

Seamus longea le dernier couloir d’un pas rapide, il n’avait absolument pas confiance en ces créatures, ils les avaient trahis une fois, rien ne prouve qu’ils ne recommenceraient pas.

Les lourdes portes métalliques des cellules semblaient blindées, imperméables à n’importe quel sortilège aussi puissants puissent-ils être, une fente au bas de la porte, probablement destinée aux repas ornait chacune des portes. Le silence était pesant et il crut entendre le léger bruit de vêtements froissés au loin, il pressa l’allure, regardant fixement le haut des portes sur lequel un numéro presque illisible était gravé.

320…

321…

322…

323…

Seamus sentit son cœur battre plus vite puis, alors qu’il avait la main sur la poignée, une question idiote lui vint à l’esprit : devait-il frapper ? Il décida que non. Il tourna la poignée, la porta grinça longuement et il fit un pas en avant.

La pièce n’était guère plus lumineuse que le couloir, il n’y avait aucune fenêtre mais deux torches disposées de part et d’autre de la pièce. Une large table carrée trônait au centre de la pièce encadrée de deux chaises, l’une était déjà occupée et Seamus déglutit difficilement lorsqu’il constata que le prisonnier n’était même pas menotté. Il fit quelques pas en avant, ne désirant toujours pas savoir sur quoi il marchait et pourquoi il lui semblait entendre couiner parfois… Le prisonnier renifla avec dédain et Seamus sursauta, avant de se dire qu’il était vraiment ridicule. Il conclut qu’un seul mot s’imposait pour décrire la pièce : glauque.

- Vous puez le sang mêlé ! Attaqua le prisonnier. C’est répugnant !

- Votre maître est mort ! Alors épargnez-moi vos préconceptions foireuses sur la supériorité des sangs purs ! Rétorqua froidement Seamus qui sentait déjà son sang bouillir dans ses veines.

- Quoique vous vouliez vous n’obtiendrez rien de moi, je ne traite pas avec les sangs mêlés ! Alors repartez de la poubelle qui vous a vomi ! Cracha le prisonnier avec véhémence.

- Il ne s’agit pas de traiter, je pose les questions et vous répondez ! Asséna Seamus d’une voix sans appel.

Le prisonnier éclata d’un rire franc et glacial puis reprit presque aussitôt son sérieux :

- Vous semblez oublier qui je suis ! S’exclama-t-il pompeusement se levant brusquement de sa chaise droit comme un i, bombant fièrement le torse.

- Je n’ai pas oublié ! Vous êtes un deatheater de la pire espèce ! Vous suivez sans honte les délires psychotiques d’un sociopathe eugéniste sans vous soucier une seule seconde des répercussions sur votre propre famille ! Vous être un être abject, hypocrite et lâche et je regrette de ne pas être tombé sur vous à la bataille car je me serais réjoui de vous achever de la plus douloureuse des manières !

L’homme se redressa dans toute sa splendeur d’autrefois et Seamus devait bien admettre qu’il était lumineux dans cette pièce si sombre, l’espace d’un instant Seamus crut qu’il allait payer le prix fort pour avoir soulagé sa langue mais il n’en fut rien l’homme se rassit face à lui, le menton droit, le visage fier. S’il avait fermé les yeux, Seamus aurait pu croire qu’il était reçu dans son manoir, pour une visite de courtoisie.

Il secoua la tête et sortit une pochette grisâtre de son attaché case, qu’il balança sans ménagement vers le prisonnier.

Le prisonnier n’y toucha pas, il se contenta de fixer le visiteur de son regard glacial et écœuré.

- Ouvrez ! Intima Seamus.

- Pourquoi le ferai-je ? Défia le prisonnier.

- Ca pourrait vous intéresser… Rétorqua Seamus énigmatiquement.

Ce n’était pas la première fois que Seamus avait affaire à des détenus mais d’ordinaire il opérait plutôt dans les prisons muggles pourtant il devait bien admettre qu’aujourd’hui il n’en menait pas large devant les réminiscences d’un cauchemar fuyant. C’était la première fois depuis la fin de la guerre qu’il était confronté à un deatheater.

- Ouvrez ! Ordonna Seamus.

Lucius Malfoy se pencha sur le détective si près que Seamus pouvait sentir le souffle glacial sur son visage.

- Non ! Défia-t-il de nouveau, un rictus sardonique sur les lèvres, dégustant le mot longtemps après qu’il eut roulé sous sa langue.

- Bien ! Explosa Seamus. Il prit rageusement la pochette la déchirant presque, en extrayant difficilement la pièce de papier glacé. Il la brandit telle une bannière devant les yeux de l’homme de glace.

Il crut percevoir de l’inquiétude et peut-être même une lueur de panique dans son regard lorsqu’il ne put faire autrement que de regarder la photographie.

- Il est arrivé quelque chose à Draco ? Demanda-t-il sa voix ne dissimulant plus sa crainte.

Seamus allait devoir la jouer fine, s’il répondait par la négative, Malfoy jubilerait et ne transmettrait aucune information, s’il avouait qu’il était à sa recherche, il était évident qu’il n’obtiendrait rien non plus, il opta donc pour un mensonge rapide et bien construit.

- Je n’en suis pas sûr mais j’ai entendu des rumeurs…

Il vit le corps de Malfoy se raidir sur sa chaise, il avait gagné.

- Quel genre de rumeur ? Demanda Lucius tentant vainement d’avoir l’air détaché.

- Certains de vos « collègues », commença-t-il non sans une pointe de dégoût,  ne semblent pas bien supporter le fait qu’alors qu’eux-mêmes croupissent en prison, d’autres semblent mener la belle vie et le reste encore libre ne serait pas contre une petite vengeance personnelle…

Le visage de Malfoy se décomposa.

- Draco… Murmura-t-il.

Puis il se reprit, Malfoy était vif et Seamus n’était pas au bout de ses peines.

- Mais qu’est-ce que cela a avoir avec vous ? Demanda soudain l’ex bras droit du Serpent, suspicieux.

Seamus se racla la gorge, cet entretien s’avérait interminable ! Son sang d’irlandais bouillait dans ses veines et son besoin irrépressible de malmener la gorge parfaite de Malfoy sénior aurait d’ici peu raison de lui.

- Eh bien, voyez-vous, mentit-il sans honte, un de mes clients trempe dans des affaires pour le moins crapuleuses, il a malheureusement eu à faire à certains de vos congénères et m’a demandé de faire quelques recherches pour son compte, pour faire chanter vos amis, il appuya vicieusement sur le mot, et il se trouve que votre fils, termina-t-il théâtralement, revient souvent dans l’équation…

Malfoy plissa les yeux et Seamus crut un instant qu’il tentait de sonder son esprit mais il ne s’avoua pas vaincu. Il avait un plan infaillible après tout, jouer sur l’angoisse d’un père impuissant était tout ce qu’il lui était venu à l’esprit entre son envie d’égorger le captain peroxyde et celle d’envoyer le survivant rejoindre son ennemi intime.

- Ecoutez Malfoy, commença-t-il avec aplomb sur le ton de la confidence, si jamais votre fils peut sortir mon client de l’embarras, je pourrais trouver un arrangement et faire en sorte que certaines pistes se brouillent disons à long terme…

Malfoy inspira longuement et garda ses yeux fixés dans ceux de Seamus, à tel point que Seamus faillit tout laisser tomber et rentrer à son bureau. Il allait se lever lorsque Lucius desserra enfin les lèvres.

- Qu’est-ce qui me dit que vous tiendrez parole ? Demanda-t-il sournoisement.

- Je n’ai qu’une parole ! Rétorqua Seamus légèrement piqué dans son orgueil avant d’annoncer son argument imparable : je suis un Gryffindor !

- La belle affaire ! Riposta Malfoy avec morgue.

- Bien, dans ce cas, termina Seamus en faisant mine de rassembler ses documents pour quitter les lieux, je pense que les prisonniers ont droit à une permission pour les enterrements des membres de la famille, nous nous reverrons à celui de votre fils, je présume. Et il inclina la tête.

Malfoy sénior n’hésita qu’une demi-seconde avant de lancer précipitamment :

- Je ne sais pas où il est. Il m’envoie quelques paquets à Noël, pour mon anniversaire, ce genre d’occasion mais il les fait parvenir par hibou, il n’y a jamais aucune adresse ni aucune carte d’ailleurs… Acheva-t-il avec une pointe d’amertume puis il renifla comme pour se donner contenance, il semblerait que le sort de son fils ne lui soit pas indifférent.

Seamus fronça les sourcils.

- Alors comment savez-vous que ça vient de lui ? Ca pourrait venir de n’importe qui ! Suggéra très justement Seamus.

Malfoy ricana.

- J’admets ne pas avoir été un père parfait mais je connais mon fils Finnigan ! Rétorqua froidement Malfoy.

- C’est tout ce que vous pouvez me dire ? Demanda encore Seamus.

- C’est tout ce que je sais ! Annonça placidement le prisonnier.

- Bien, dit Seamus en rassemblant vraiment ses affaires cette fois, dans ce cas je vous souhaite un excellent séjour ! Ironisa-t-il.

Il vit Malfoy sénior serrer les dents, nul doute sur le fait qu’il tentait de canaliser ses pulsions meurtrières, et sortit rapidement de la cellule. Il entendit un cliquetis une fois qu’il eut franchi la porte qui lui indiqua que la cellule avait été verrouillée de nouveau. Il rejoignit Tom exactement où il l’avait laissé et tous deux entreprirent le chemin inverse.

- Tom, demanda-t-il soudain, est-ce que les colis des prisonniers sont fouillés ?

- Bien sûr, Mr Finnigan, pas un colis n’est épargné. Affirma le gardien d’une voix grave.

Seamus fronça les sourcils.

- Et est-ce que vous savez si Malfoy en a reçu beaucoup ?

- Ah ça, je ne pourrais pas vous dire, c’est Robert, qui s’occupe de cette partie du fouillage. Répondit le gardien discrètement.

Seamus hocha la tête alors que le gardien développait.

- Mais je pourrais lui demander…

- Oui, ça m’aiderait énormément ! Demandez-lui s’il n’a pas noté quelques détails qui pourraient nous aider à localiser d’où viennent les colis. Poursuivit Seamus.

- Ben, je crois qu’il est de service vendredi, vous pourriez venir l’interroger vous-même, c’est un bon gars Bob, enfin Robert, toujours prêt à rendre service ! S’exclame Tom avec un grand sourire qui, ne put s’empêcher de noter Seamus, contrastait étonnamment avec l’austérité du bâtiment.

- Merci Tom, je n’y manquerai pas ! Remercia chaleureusement Seamus.

- Il prend son service à dix heures ! Informa Tom.

- Je serai là ! A bientôt Tom et bonjour à la petite famille ! Pria le détective.

Tom hocha vivement la tête et Seamus quitta la prison rapidement, il avait encore pas mal de choses à voir, cette affaire s’avérait être bien complexe, et il regrettait déjà d’avoir accepté.

Attablé à son bureau, Seamus compilait les données qu’il avait pu récolter. Il reprit son petit carnet. Il n’avait définitivement rien appris de très utile aujourd’hui. Après quelques heures à ressasser sa conversation avec Malfoy, il se surprit à penser à cet anthropologue muggle qui avait l’habitude d’élaborer ses théories de façon bien curieuse : il rassemblait toutes ses données quelles qu’elles soient et se contentait de les faire voler à travers la pièce dans le but que certaines similitudes lui permettant de dégager une théorie apparaissent. Malheureusement la méthode très aléatoire  lui ferait perdre beaucoup trop de temps.

Il se frotta vigoureusement les tempes et replongea dans les feuillets éparpillés sur son bureau. Il avait devant les yeux une carte de Londres muggle et sorcier, la photo de « l’homme à abattre » comme il aimait l’appeler, il trouvait ça plus impressionnant que « l’homme qu’il recherchait désespérément » et son entretien avec Lucius Malfoy. Tout ce dont il avait la certitude, c’était que Draco Malfoy s’était évaporé après la bataille finale. La dernière fois qu’on l’avait aperçu, il se trouvait dans le grand Hall entouré de ses parents. Il ne s’était même pas présenté à leur procès. Seamus avait soupçonné Malfoy sénior de le cacher mais après son entretien, il devait se rendre à l’évidence, Malfoy n’en savait pas plus que lui.

Tout ce qu’il avait appris qui aurait pu avoir une quelconque valeur aux yeux de l’enquête était que Malfoy recevait des paquets de son fils. Malheureusement, comme ils étaient livrés par hibou et sans jamais aucun mot les accompagnant, impossible de savoir d’où ils venaient et le monde était bien vaste lorsqu’on cherchait un homme. Pour autant qu’en savait Seamus Finnigan, Draco Malfoy pouvait se trouver n’importe où.

Il espérait que la fouille des colis effectuée par ce fameux Robert puisse lui apporter quelque chose.

Il nota sur son agenda ce précieux rendez-vous : vendredi, 10h00, Robert, prison d’Azkaban.

                   

- Dépêche-toi Ron ! On va être en retard ! Pressa Harry. On va encore se faire passer un savon par Hermione.

- J’arrive ! S’emporta Ron se débattant furieusement avec son pull-over. Mais je ne vois pas pourquoi elle tient absolument à ce qu’on y aille ce soir ! On est en plein milieu de la semaine, il y en a qui bosse, par Merlin ! S’indigna le dernier Weasley mâle.

- Pour une fois que c’est nous qui allons chez elle et pas le contraire tu peux faire un effort ! Reprocha Harry déjà résigné.

- Je préfère rester ici quand je ne travaille pas, on est bien assez en mouvement pendant nos missions ! Contra Ron.

Harry soupira.

- Je sais mais Hermione aime bien nous avoir tous un peu avant Noël, tu n’as jamais remarqué ? J’ai l’impression que c’est un peu son Noël à elle. Conclut Harry rêveusement.

- Génial ! Grommela Ron. Comme si on avait besoin d’un deuxième Noël !

- Considère que celui-ci est un peu plus… festif ! Lança Harry joyeusement en lui tapant affectueusement l’épaule.

Ron ne répondit rien et ils descendirent ensemble chercher George qui serait lui aussi de la partie.

- Tu es prêt ? Demanda Ron en promenant son regard sur les nouveautés à peine déballées que George avait reçues.

- Je crois qu’on n’est jamais prêt lorsqu’il s’agit d’Hermione ! Plaisanta George.

- Oh ça suffit tous les deux ! C’est seulement un dîner ! Reprocha Harry.

- Bon alors on y va ? S’impatienta Ron qui était toujours pour ce slogan très inspiré « plus vite parti, plus vite revenu ».

- Euh… hésita George, Hermione a dit que… je pouvais inviter quelqu’un et…

Le sourire d’Harry s’élargit alors que Ron donnait à son frère quelques malicieux coups de coude. George allait rétorquer quelque chose mais un pop sonore l’en empêcha.

- Salut la compagnie !

La voix qu’ils n’avaient pas entendue depuis de nombreuses années leur arracha un sourire extatique alors que les lèvres qui l’accompagnaient se posaient naturellement sur la bouche de George.

Ron écarquilla les yeux : depuis quand George avait-il recommencé à vivre ?

- WOW !!! Balança intelligemment le Survivant. J’avoue que tout ça est très inattendu…

- Tu exagères… je t’avais dit pas en public ! Murmura George gêné.

- Je ne sais pas si deux personnes peuvent être considérées comme un public tu sais… Répondit la voix chaude en relevant le menton du jumeau.

- Mais vous deux, ça fait longtemps ? Demanda Ron toujours sous le coup de la surprise.

- Eh bien je suis entré en trombe dans son magasin quelques jours après l’enterrement de Fred pour savoir pourquoi je ne faisais pas parti des associés…

- Je ne pense pas qu’ils doivent connaître toute l’histoire… Interrompit George rapidement.

- Mais si, elle est géniale cette histoire ! Et puis j’ai regardé son corps pendant qu’il regardait le mien et je lui ai demandé s’il voulait qu’on « s’associe »… Termina-t-il avec un sourire entendu.

- LEE !!! Cria George.

- L’écoutez pas il est timide ! Plaisanta Lee Jordans.

- Pas du tout et d’ailleurs si tu te souviens bien c’est moi qui t’ai « associé » ! Poussa George.

- Bien, s’exclama le petit frère couleur tomate, maintenant qu’on a étalé tous les détails salaces qu’un petit frère ne devrait jamais connaître pourquoi ne transplanerait-on pas ?

Harry, que la couleur tomate avait rejoint bien qu’il n’eut pas été le petit frère, acquiesça vigoureusement.

Ron s’ennuyait ferme dans ce petit appartement et il n’était qu’au début de la soirée. Hermione était lovée contre Oliver, il ne voulait pas savoir ce qu’Harry pouvait bien faire à sa petite sœur de même que ce qu’il se passait sous la table entre Lee et George,  bien qu’il s’en doutât un peu lorsque Lee « manqua » la cuisse de George une ou deux fois, et cette Laura Madley s’obstinait à vouloir lui faire la conversation.

- Tu ne dois sûrement pas te rappeler mais j’étais en troisième année quand tu as été nommé dans l’équipe de quidditch.

Ron feignit de s’intéresser un minimum. Il était persuadé que c’était encore un plan limoneux d’Hermione destiné à lui faire « enfin connaître les joies d’une relation saine et stable » comme elle se plaisait à les nommer.

- A gryffindor ? Demanda-t-il d’une voix neutre.

- Non, c’est pour cela que tu ne dois sûrement pas te rappeler… J’étais à Hufflepuff.

Ron la détailla comme s’il tentait de se rappeler et elle se soumettait bien volontiers à ce regard scrutateur. Il est vrai qu’elle était très jolie, Ron ne pouvait nier. Elle avait de longs cheveux noirs encadrant un visage oblong, fin et élégant, les yeux de la même couleur, assez profonds, il y avait quelque chose au fond, une drôle de lueur, peut-être l’alcool il n’était pas sûr. Elle n’était ni trop grande ni trop petite et avait des formes généreuses. Ron pouvait dire qu’elle devait avoir beaucoup de succès, il savait, il avait connu quelques femmes. Ce qui avait attiré son attention était ses mains, elle avait de longues mains fines et pâles, gracieuses qui semblaient danser uniquement pour lui.

- Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Questionna-t-il sans grand intérêt.

La première question qui lui était venu à l’esprit avait plutôt été « qu’est-ce que tu fais là, à un dîner soit disant de Noël, ou seuls la famille et les amis proches étaient conviés ? » mais il opta pour quelques chose de plus courtois.

- C’est mon attaché de presse ! Répondit Oliver pour elle.

Ron hocha la tête, il voulait partir.

Enfin Hermione annonça le dessert et Ron y vit la parfaite occasion pour s’isoler un peu dans la cuisine. Il préférait de loin la solitude à ce genre de dîner trop bruyant. Ron était un paradoxe vivant, il ne supportait pas cette solitude confinée dans la froideur de son appartement, celle qui le traquait et l’attendait tapie dans l’ombre lorsqu’il franchissait la porte pourtant la compagnie des autres le rendait physiquement malade et le supplice devenait insoutenable lorsqu’il devait parler, ouvrir la bouche et être poli était une véritable torture pour lui, pourtant chaque jour il s’obligeait à vivre et il mourrait un peu. Chaque jour il répondait lorsqu’on s’adressait à lui et chaque jour il voulait être ailleurs mais il ne savait où. Quel serait son refuge ? Où était son abri ? Avait-il un havre ? Son âme criait asile. Son appartement était devenu son rempart solide contre la tempête de son cœur, mais le rebelle planifiait l’attaque…

Il ramassa quelques assiettes et se dirigea vers la coquette cuisine.

- Hermione cuisine vraiment très bien ! Lança Laura.

Ron sortit de ses sinistres pensées et regarda la jeune fille, elle était vraiment jolie.

Il s’approcha et ne put s’empêcher de mêler sa main à ses longs cheveux noirs. Et sa bouche vint s’écraser sur celle de l’Hufflepuff, qui ne protesta pas, elles ne protestent jamais se mit à penser Ron, amer.

Très vite, les mains s’égarèrent et Ron songea qu’il était préférable de ne pas rester dans la cuisine. Il l’emmena alors vers une petite porte donnant sur un cagibi bien sombre, c’était parfait !

Il souleva précipitamment le tee-shirt de la jeune fille, flattant la chair de ses seins ronds et fermes pendant que son autre main se faufilait sous sa jupe. Elle ne portait aucun sous-vêtement. Il avait envie, il avait besoin. Il arracha presque les boutons de son pantalon pour en extraire son sexe douloureux puis souleva Laura de ses mains puissantes, elle enroula instinctivement ses jambes autour de lui et il la pénétra brutalement dans un grognement sourd alors qu’elle agrippait ses épaules. Il allait et venait en elle rapidement pendant qu’elle gémissait, son dos plaqué contre la paroi rugueuse du mur. Il la regardait fixement mais il ne la voyait pas. Elle était vraiment jolie et elle semblait prendre du plaisir, elle se cambrait contre lui, jetait sa tête en arrière en haletant parfois, s’abandonnait complètement, étouffant ses gémissements dans son cou ou avec sa main. Elle voulait lui faire plaisir il n’y avait aucun doute. Puis elle gémit plus fort, presqu’un cri, enfin elle se détendit dans ses bras, lui toujours en elle. Il n’avait même pas joui cette fois.

Il se retira et la fit descendre. Elle le regarda perplexe.

- Tu n’as pas…

Il ne répondit pas, il se contentait de la regarder. Est-ce qu’elle allait enfin partir ?

- Tu veux que je… Demanda-t-elle en avançant sa main vers son érection.

- Non. Répondit précipitamment Ron, les joues légèrement rouges d’excitation et d’embarras.

Laura quitta le cagibi et Ron soupira. Il regagna le salon après s’être soulagé. Il croisa le regard inquiet d’Harry mais le Survivant se garda de tout commentaire.

Lorsque la soirée s’acheva enfin, il était plus de minuit.

- Merci Hermione pour cette charmante soirée ! Remercia Lee en s’inclinant singeant le parfait gentleman.

- Je t’en prie Lee ! La prochaine fois tu seras des nôtres j’espère ! Invita Hermione, jetant un coup d’œil discret du côté de George.

- Eh bien ça dépendra de mon « associé »… Glissa-t-il à l’intention de George.

- D’ailleurs Hermione si tu pouvais garder ça pour toi disons jusqu’à Noël, tu sais, mes parents ne sont pas encore au courant… Murmura George.

Le regard de Lee s’assombrit l’espace d’un instant puis il lança :

- Oui imagine qu’ils nous trouvent à Noël étalés sur la table de la cuisine entre la dinde et le pudding…

Hermione pouffa.

- Lee… commença George tristement mais il ne poursuivit pas.

Lorsque tous les au revoir furent donnés en bonne et due forme, tout le monde transplana.

Ron était épuisé, il s’affala sur le canapé les yeux dans le vide. Harry se dirigea vers la cuisine et prit deux butterbeers, en tendit une à Ron et s’étendit sur le fauteuil d’en face.

- Tu l’as encore fait !

Ce n’était pas une question, ce n’était pas non plus un reproche, c’était plutôt une vague certitude. Mais le regard du survivant transperçait son ami sans gêne.

- Fais quoi ? Demanda Ron déjà excédé.

- Ne joue pas à ça avec moi, Ron, je te connais ! S’emporta-t-il.

Ron soupira d’agacement mais ne répondit pas.

- C’était où cette fois, hein ? Dans un placard ? Dans les toilettes ? Sur les escaliers de secours ? Il faut que tu arrêtes ça Ron !

Harry était très inquiet, il savait bien que ce n’était pas la première fois que Ron se livrait à ces activités, avec des femmes qu’il connaissait à peine dans des endroits souvent douteux.

Ron se leva brusquement, il était furieux, il balança violemment sa bière sur le mur avant de hurler :

- DANS UN CAGIBI !!! ET SI TU VEUX TOUT SAVOIR, JE N’AI MÊME PAS JOUI !!! T’ES CONTENT ?!!!

Il s’élança rageusement vers la porte de sa chambre qu’il claqua violemment.

Harry secoua la tête et répara les dégâts d’un coup de baguette.

                   

- NON… HARRY NON… SI ON MEURT POUR EUX, JE TE TUERAI HARRY !

La sueur recouvrait la totalité de son corps, Ron tremblait empêtré dans les draps humides de sueur. Ses paupières papillonnaient à un rythme effréné sous ses sourcils froncés et son cœur semblait près de se rompre, il pompait bien trop vite, il allait forcément claquer.

- HARRY… NON, NE LE LAISSE PAS TOMBER… HARRY TIENS-LE, TIENS-LE !

Tout son corps convulsait à présent alors qu’il déchirait presque les draps froissés entre ses doigts crispés.

Harry alerté par les cris, entra en trombe dans la chambre de son ami, c’était encore ce rêve…

Il s’accroupit au bord du lit et passa sa main sur le front trempé de Ron qui se débattait en hurlant comme un diable.

- TIENS-LE HARRY ! IL VA TOMBER ! LA PORTE EST LA… HARRY DEPECHE-TOI… NE LE LÂCHE PAS…

Harry continuait à passer la main dans les cheveux de Ron, ce simple geste semblait à chaque fois l’apaiser un peu, puis il murmura :

- Je le tiens Ron, il ne tombera pas, je le tiens bien…

- C’est vrai tu le tiens… ? Demanda Ron dans son sommeil d’une voix éraillée d’avoir trop crié.

- Oui, souffla Harry avec conviction, il est juste derrière moi, il ne tombera pas…

- D’ac-d’accord Harry, si tu le tiens… murmura-t-il encore, rassuré.

Harry alla dans la salle de bain et se saisit d’un linge frais et humide avec lequel il épongea le visage de Ron qui s’était finalement calmé. Il décrispa ses doigts des draps et le borda comme un enfant, il l’entendit marmonner une dernière fois :

- Ne le lâche pas Harry…

Puis il retourna dans sa chambre comme presque toutes les nuits.

Le matin Ron ne se rappelait jamais. Harry l’apostropha alors qu’il lisait le journal.

- Bien dormi ?

- Mmh… Grogna Ron.

Il se servit un thé puis vint s’asseoir en face de son ami, il but une petite gorgée pour se donner du courage.

- Ecoute Harry, je suis désolée pour  hier soir… Commença-t-il d’une voix encore rauque de sommeil…  je ne voulais pas… je me suis emporté…

Harry balaya ses excuses d’un revers de la main avant d’ajouter :

- Ce n’est rien… c’est de ma faute, tu avais raison, ta vie sexuelle ne me regarde pas !

- Hier j’avais juste besoin de… Tenta Ron.

- C’est bon ! Lui assura Harry. Je t’assure, tu n’as pas besoin de te justifier.

Harry pensait que pour le moment il valait mieux étouffer l’affaire, il reviendrait à la charge un peu plus tard.

Ron lui fit un petit signe de tête et ils terminèrent de déjeuner dans un silence confortable.

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