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4 février 2008

J’ai froid, tout est sombre ici, tout est désert.

J’ai froid, tout est sombre ici, tout est désert. Ce bureau, je ne le connais plus, je ne sais plus d’où il vient ni ce que je fais là pourtant je sais, je sens. Ils sont là, tapis dans l’ombre, ils glissent sur le sol terreux de cette caverne lugubre, le bruissement de leur longue cape dissimulant ce démonisme dont ils ne sont que l’éponyme me martèle les tempes. Ils s’approchent et je commence à frémir de cette glace qui doucement investit mon corps, elle coure dans mon sang qui se fige sur son passage pour se répandre jusque sous mes ongles jaunis. Et la chaleur de ma glorieuse essence de vie se mêle lentement à ce frauduleux nivôse. Il me semble que je ferme les yeux pourtant je ne dois pas parce qu’ils guettent, ils traquent cet instant de faiblesse avec la même intensité dont je me languis du leur. Cette attente insoutenable les indiffère alors que je me bas comme le lion que je suis pour préserver cette part de moi qu’ils convoitent. Parce qu’ils envient tant ce que je ne veux que leur donner…

La rudesse de la bise glaciale m’emprisonne dans ce cocon gelé auquel je ne peux échapper. Je suis cerné, et je peux presque les sentir se mouvoir tout autour de moi, je crois que je rouvre les yeux mais ma vue se trouble, pourtant je constate que ma porte est hermétiquement close. Ils attendent, juste là derrière, je sens leurs émanations putrides et leurs doigts décharnés, je vois leur griffes acérées et je respire ces fragrances avariées. Il me semble que ce souffle avide transcende les murs de ma protection, ces faibles murs qui s’étiolent, cette pierre noire et figée qui s’érode.

Je les entendrais bientôt ces cris horribles déchirant la nuit, ces hurlements terrifiants pénétrant, violant, engouffrant  le silence sans que je n’y puisse rien ! J’entends presque les rires de ces démons du souvenir se délectant de ma reddition. Et ils m’achèvent enfin, et je l’entends mourir ce Mage Noir pour qui je n’aurais dû avoir aucune pitié, j’entends son râle suppliant lorsque ma main ensanglantée pénètre sa gorge avec une force dont je ne me serais jamais cru capable. J’entends ses gémissements étouffés par ce sang presque noir qui se répand dans sa bouche alors que ma main victorieuse resserre sa prise, et je réalise enfin qu’il était peut-être bien le plus grand Mage Noir de tous les temps, qu’il lui manquait six morceaux d’âme mais que ce liquide épais et rouge faisait de lui un homme, comme moi, un monstre d’homme, mais toujours un homme.

Et je n’ai jamais su laver tout ce sang qui maculait mes doigts, il est toujours là, lové au creux de mes ongles, tapi dans les crevasses de ma chair, se rappelant à moi…

Je voudrais m’évanouir pour ne plus entendre, pour ne plus sentir, pour ne plus rien voir mais je dois rester debout, il le faut, pas pour moi, jamais pour moi…

Combien de temps encore ? Il me semble que cela fait des années que je me traîne entre ces murs froids et funestes. Rien n’est beau ici, cette notion est devenue bien obsolète. Je ne m’attends plus au Beau ou presque pas…

Déjà trois ans, trois que j’ai accepté, trois ans que je me traîne entre ces murs qui veulent ma mort, trois ans que j’évolue au milieu de ces amères créatures qui ne connaissent que le Mal et la transgression comme si je cherchais une forme de rédemption, comme si elles seules pouvaient m’apporter l’inatteignable absolution… quelle ironie !

Pourtant je sais que je dois tenir encore, juste un peu, encore deux ans… seulement deux, juste deux…

Mes jambes ne me supportent déjà plus mais je lutte comme un diable pour ne pas sombrer et enfin victoire ! Je les entends s’éloigner, ils ne m’auront pas, je ne céderais rien à cette disgracieuse fantasmagorie !

Je m’avance lentement vers la solide porte blindée, mince protection entre moi et mes démons, les minutes me sont à présent comptées.

Je me dirige rapidement vers mon bureau, il me semble que toute ma fougue d’antan me soit revenue. Je me saisis de ma cape d’invisibilité, complice de tous mes larcins, et j’ouvre prudemment la porte de ma damnation.

Je les sens encore en moi ces vicieuses créatures mais mon plus beau souvenir les balaye promptement. Et je m’engouffre dans le dédale des sombres couloirs. Dix minutes, je n’ai que dix minutes pour rejoindre sa cellule, dix minutes avant qu’ils ne repassent de son côté de la prison. Je tremble d’appréhension, je sais que tout directeur que je sois, ils n’hésiteraient pas à me donner Le baiser, ces judas ! Alors je cours, je vole presque tandis que le vent glacial s’insinue entre les mailles de mon pull-over, ma cape d’hiver ne constitue qu’un faible rempart, j’entends les vagues au loin, battant les rochers et je prends conscience que je ne suis pas sorti depuis une éternité.

Mon souffle se saccade de cette course effrénée, cette course qui est mienne depuis tant de soirs, un nuage blanc s’échappe de ma gorge brulée par le froid et enfin je l’aperçois mais je dois faire vite, je les sens qui approchent et je maudis cet énorme trousseau de clés qui ralentit ma course. C’est une petite clef grise et sale, rien d’extraordinaire alors pourquoi mon estomac frémit-il lorsqu’enfin je la saisis entre mes doigts fébriles ?

Mes mains tremblent et je peine à insérer ce petit bout de bonheur dans mon enfer. Et enfin la poignée tourne, la porte grince…

J’ôte précipitamment ma cape d’invisibilité et parcoure la petite cellule crasseuse, si froide, si obscure, un monde de ténèbres qui a pourtant sa faible lanterne.

Une mince couchette est retenue par deux chaînes sur un des pans du mur de pierres grises, l’unique torche semble s’être éteinte depuis longtemps déjà car la faible source de chaleur a disparu. Aucune chaise, aucune table, juste un peu de paille sèche répandue sur la terre battue. L’odeur des excréments me transperce les narines et j’ai soudain envie de transplaner loin d’ici. Il n’y a pas de fenêtre bien sûr, à peine une gamelle d’eau sale dans l’angle, à gauche. Le plateau repas reste intouché et finalement c’est peut-être mieux ainsi, je n’aime pas la façon dont l’épaisse bouillie remue dans l’assiette.

Et mes yeux sont soudain happés par l’unique source de lumière de la pièce, juste un peu ternie : de soyeux cheveux à la pâle couleur de l’astre de nuit. Il est là, effondré sur le sol poussiéreux, sa peau si pure souillée par l’indigne terre qu’il foule parfois, lorsqu’il peut tenir debout. Il a son visage contre un mince oreiller de paille qu’il a dû rassembler à demi conscient. Recroquevillé sur lui-même, il cherche la chaleur de son propre corps mais ce traître ne lui apporte rien. Les haillons qu’ils portent ne peuvent rien pour lui non plus. Il n’a même pas entendu la porte grincer… une sourde angoisse m’étreint mais s’apaise rapidement en constatant qu’il bouge, enfin il tremble plutôt et j’entends ses dents s’entrechoquer les unes contres les autres. Il entoure ses jambes de ses bras, on dirait qu’il cherche la chaleur de la matrice d’une mère… la sienne peut-être. Je connais cette sensation familière, je l’ai vécu autrefois dans un sombre placard…

C’est là que mes yeux parcourent son corps malingre. Depuis quand n’a-t-il rien mangé ? Pas qu’il soit en état mais il est si maigre, je peux voir les os saillant à travers sa peau parce qu’il n’a plus de chair… Pourquoi n’ai-je rien remarqué avant ?

Un faible gémissement me fait enfin revenir sur terre. Je me déleste de ma lourde cape d’hiver et je la dépose délicatement sur ce corps tremblant. J’ai le sentiment que si je le touche, il va se briser, pourtant il ne peut rester à même le sol…

Le cours de mes pensées s’interrompt brusquement lorsqu’une vague de froid semble traverser la porte, l’espace d’un instant j’avais oublié que seule la porte du directeur d’Azkaban est blindée, celles des prisonniers accueillent ces esquisses mortelles sans protester.

Et là, je brise l’interdit, je transgresse la règle, je contourne la loi… et mon cerf fier et rutilant vient monter la garde devant la lourde porte, il dégage ce sentiment de sécurité qui nous enveloppe bientôt alors je me sens parcouru d’une chaleur que je ne ressens que le soir lorsque je me glisse dans sa cellule aux premières heures de la nuit.

Et je l’entends geindre encore, il tente de se retourner mais je pense que ses muscles engourdis ne sont pas de cet avis. Il n’est de toute façon qu’à demi-conscient depuis qu’il est ici, et c’est sans doute mieux ainsi. Alors je l’enveloppe dans ma longue cape fourrée et je le prends dans mes bras, il gémit de douleur, quelques égratignures maculent son corps endolori mais je ne m’en préoccupe pas encore, pour le moment, je veux juste qu’il ait chaud.

Je jette un coup d’œil en direction de mon patronus et je sais qu’il m’a compris, il montera la garde la nuit entière et je respire enfin. Je place précautionneusement une main autour des frêles épaules de celui qui en d’autres temps n’était qu’un gosse de riche tout en arrogance et en dédain et une pensée perverse m’étreint alors : je pourrais le briser. Il m’appartient, il est sous mon contrôle, je pourrais lui faire payer chaque attaque, lui faire ravaler chaque mot blessant, chaque insulte, chaque coup bas, je pourrais simplement le mettre à terre et le faire supplier pour sa vie… ou pour sa mort, je pourrais faire que cette prison ne soit qu’un paradis doré à côté des souffrances que je lui ferais endurer ! Mais je ne fais que resserrer mon étreinte, me demandant s’il a assez chaud…

Je passe donc une autre main dans le creux de ses genoux et la réalité me gifle de sa main puissante : il est si léger ! Je m’assoie sur la couchette _ elle grince _ et je prie pour que les chaînes ne se rompent pas. Je l’assoie sur mes genoux, allongeant ses jambes en travers de mes cuisses et je force sa tête à reposer dans le creux de mon épaule, pour qu’un peu de chaleur puisse se propager sur son visage si pâle et presque bleu. Je vérifie que la cape n’ait pas glissé de sur lui et l’en recouvre comme d’une couverture.

Je pose une main sur ses cheveux que j’ai toujours admirés, si lisses, si doux, tellement malléables, tellement différents des miens, il gémit encore mais cette fois je veux croire qu’il gémit de bien-être. Et je commence un léger mouvement de balancier, presqu’imperceptible sans m’en rendre vraiment compte, j’ai comme une envie irrépressible de fredonner, un air grave et triste, alors je rougis et j’arrête. Je sens son souffle dans mon cou, hérissant le mince duvet alangui sous ma nuque et je me souviens du premier soir où je me suis glissé dans sa cellule…

C’était un peu après la bataille, le sang rougissait encore mes doigts et les potions que me procurait Sainte Mangouste n’apaisaient pas les cris déchirant ma tête de nuit comme de jour. Je ne voulais plus être auror, je voulais juste me terrer quelque part loin de tout et ruminer ma victoire…

Je ne désirais qu’oublier ce que j’avais vu et qui j’avais sauvé, peut-être qu’à cette époque je sentais déjà quelque chose, je ne saurais le dire pourtant c’est bien en considérant les traits fins de son visage que j’ai accepté…

J’étais devenu plus distant avec mes amis de toujours et j’avais refusé de participer à la chasse aux sorcières que livraient les aurors pour retrouver les deatheaters bien que Ron me régalât de tous les scabreux récits jusqu’au dernier.

Un soir que j’étais affalé un verre à la main dans le canapé inconfortable de mon petit appartement à l’écart des remous de la  grande ville, je reçus la visite du ministre en personne…

… Scrimgeour… il avait réellement usurpé cette place…

- Monsieur Potter…

Eh oui, depuis le Grand Massacre comme je l’appelais, j’avais gagné un Monsieur Potter et une coquette somme d’argent dont je ne savais que faire ! J’étais également devenu un poil agressif…

- Scrimgeour, allez droit au but, je n’ai pas toute la soirée !

Pendant la guerre, Scrimgeour avait lui, perdu son droit au titre de Monsieur…

- Il se trouve que les dementors sont revenus à Azkaban…

Je sentais sa voix trembler et la panique menaçait de le submerger, je passai ma langue humide sur mes lèvres sèches et me délectai enfin du spectacle…

- Ils sont revenus après le jugement des Malfoys et ils revendiquent Azkaban comme leur !

Je savais que les Malfoys étaient les derniers deatheaters en liberté et même si Narcissa m’avait implicitement aidé à vaincre, elle n’échapperait certainement pas à la prison de même que sa progéniture quant à Malfoy Senior, il pouvait bien crever la bouche ouverte… j’enfoncerai mon talon dans sa gorge !

- L’ensemble des ministres et moi-même avons statué sur le fait qu’il est impossible de confier la prison aux deatheater, nous voulons absolument un directeur… humain pour les tenir en bride.

Et là, je sus qu’il était vraiment stupide, personne ne pouvait tenir les deatheaters en bride !

- Qu’est-ce que vous voulez Scrimgeour ? Demandai-je plus fermement.

- Eh bien… hésita-t-il avant de plaquer cet immonde sourire hypocrite sur ses lèvres minces et sournoises… je me disais que peut-être dans vos connaissances quelqu’un pourrait…

Il ne termina pas sa phrase et autour de moi flottait un vague parfum de suffisance alors qu’un fantasme passé cherchait à percer mes défenses et c’est avec consternation que je m’entendis répondre :

- Je vais y aller.

La même consternation se lisait sur son visage et je ne pouvais m’expliquer cette décision impulsive si ce n’était que les pulsions suicidaires de ces derniers jours s’étaient montrées plus présentes et que je pensais pouvoir en finir à Azkaban comme un châtiment pour tout ce sang couvrant mes mains. Voyant la détermination dans mon regard, il ne protesta pas, bien qu’il ne pût cacher sa stupéfaction.

Lorsque je suis arrivé à la prison, le désespoir m’envahit aussi sûrement que le vent dans les interstices des murs glauques.

On me mit au parfum rapidement, les heures des rondes, mes fonctions bien maigres, il fallait l’avouer, ne consistaient qu’à veiller à ce que les deatheaters ne fassent pas trop de zèle lors de leurs rondes journalières.

Je me retrouvai donc avec un rouleau de parchemin immense dressant la liste de tous les deatheaters que nous avions combattus pendant la guerre, mais qui nous avaient échappés. Puis mon regard s’attarda plus que de raison sur un nom : Draco Malfoy.

Il avait mon âge. Si jeune, il avait toute sa vie devant lui mais il devrait la passer dans ce lieu insalubre, cette antichambre de l’enfer. Puis mes yeux furent irrépressiblement attirés par la colonne de gauche : 5 ans. Mon doigt parcouru alors la liste remontant jusqu’à la haute extrémité indiquant le nombre d’années auquel les prisonniers étaient condamnés. Je rangeai le parchemin après avoir reconnu tant de noms que j’avais côtoyés, des traîtres, des camarades d’écoles…

Un soir où je m’ennuyais ferme attendant le passage punitif des dementors que je laissais absorber un peu de moi, priant pour qu’ils aspirent et dissolvent aussi la honte que je ressentais à me cacher dans cet enfer alors que je pouvais enfin vivre comme les autres, je savais que j’avais dix minutes entre les roulements des dementors, même ces immondes créatures avaient droit à une pause, alors je décidai une inspection, depuis quelques semaines je m’étais enfermé dans ce bureau, redoutant autant que j’appelais la présence de ses capuchons décharnés.

Je visitai donc chaque cellule et repoussai toujours plus loin la bile remontant progressivement ma gorge alors que s’étalaient devant mes yeux les demi squelettes qui furent autrefois des hommes, je respirai l’odeur des corps en putréfaction, ces corps qui respiraient encore mais pourrissaient contre les murs grouillant d’insectes se délectant des chairs des moitiés d’hommes adossées. Dans certaines cellules, j’avais observé les corps immobiles depuis sans doute plusieurs années, leur peau s’était fondue dans la pierre et leurs chairs faisaient à présent parties des murs.

Ils n’appartenaient plus à Azkaban, ils étaient devenus Azkaban.

C’est en visitant les cellules que je me suis rendu compte que les dementors ne servaient pas les repas, ne nettoyaient pas les cellules et ne s’occupaient pas des prisonniers. Un étrange sentiment de révolte m’envahit et je me surpris à penser que les prisonniers avaient droit à leur dignité… mes amis n’étaient pas de cette avis. Je fus atterré d’entendre Hermione affirmer qu’ils n’avaient que ce qu’ils méritaient, elle pourtant si juste, le meurtre de ses parents l’avait rendue amère… et Ron abonda dans son sens parce que le visage crispé de douleur de Fred ne le quittait pas.

Lors de ma visite, je pénétrai enfin dans la cellule de Malfoy Junior, il n’était là que depuis quelques semaines et était déjà avachi sur le sol, plus faible qu’il n’avait jamais été.

Et là, je ne pensai plus et me précipitai sur le corps tremblant, convulsant presque sur le sol. Je ne m’expliquais pas cette ardente impulsion comme lorsque j’avais su que je ne pourrais pas le laisser mourir dans la salle sur demande le jour de la bataille.

- Malfoy ! Malfoy ! J’appelais me précipitant sur lui. Malfoy ouvre les yeux !

Mais il ne m’entendait pas, très peu de prisonniers restaient conscients dans ce lieu maudit. Captif de ses souvenirs je l’entendais gémir :

- N’y allez pas Père…

Et comme ce soir et tous les soirs après cela, je l’enroulai dans ma cape fourrée et le tins dans mes bras pour qu’il ait chaud.

Je n’avais pas de vie en dehors de la prison, ma vie c’était devenu ces nuits où j’attendais fébrilement le roulement des gardes pour me glisser dans sa cellule et le serrer dans mes bras, je ne sais pas à partir de quand j’ai eu besoin de son contact.

Je quittai parfois la prison, pour aller chercher mes potions dont je ne pouvais me passer bien que les sachant inefficaces, lorsqu’Hermione devenait trop pressante je passais les voir aussi, elle et Ron avaient une vie trépidante mais se libéraient toujours pour moi, en amis dévoués qu’ils avaient toujours été. Et puis lorsque mon sexe se faisait trop douloureux, je sortais dans l’intimité de mes nuits sombres et trouvais un homme pour me soulager. J’avais découvert après la guerre que les femmes me laissaient indifférent au grand dam de Ginny qui m’avait attendu. Pourtant si je prenais du plaisir avec ces hommes, ce n’était qu’un soulagement provisoire, je n’avais jamais trouvé ce qu’Hermione qualifiait de si extraordinaire. En fait, je ne cherchais pas l’extraordinaire, je ne pense pas le mériter en revanche je savais juste que j’étais bien quand je tenais Malfoy dans mes bras et c’est tout ce que j’avais besoin de savoir je crois.

Quand en étais-je tombé amoureux exactement ? Je ne saurais le dire, mais cela avait-il vraiment de l’importance ?

Peut-être lorsqu’il avait eu l’air si cruellement démuni, si sale ou bien lorsque je l’avais rassuré alors qu’il suppliait son père de ne pas rejoindre le Maître ou bien alors la première fois qu’il avait convulsé sous le manque de nourriture et les conditions précaires dans lesquelles il devait subsister. Quand la pitié s’était-elle muée en désir ? Et quand l’amour avait-il prit de l’avance sur mon corps ?

Il aurait lui aussi probablement ses chairs décharnées contre la pierre ennemie un jour que je franchirais la porte.

Cela faisait donc trois ans que je dirigeai cette prison, que je me cachais dans cette prison qui paradoxalement abritait ma pire angoisse et mon pire ennemi. Je rirai si je n’avais pas si froid. Malfoy aussi était frigorifié et son corps maigre ne lui apporte guère de réconfort… je rougis à la pensée que mon corps était tout prêt à le réconforter… puis cette idée m’apparut moins stupide que je ne l’avais cru.

Dans un élan d’extrême pudeur, je jetai un œil à mon cerf qui montait toujours la garde et je reposai soigneusement Draco sur la couchette. Oui, Draco.

Je me levai et je ne pus m’empêcher de sourire lorsque je l’entendis geindre de la perte de mon corps, il devait vraiment être plongé loin dans l’inconscience pour protester de ma perte…

Et le bruissement léger d’une chemise s’affaissant au sol et rejoignant mon pull se fit entendre dans la cellule, je ne relevais pas les yeux, j’avais peur de croiser le regard indigné de mon patronus, étrange non ? Je déboutonnai donc mon épais pantalon de velours les yeux braqués sur le sol d’où je chassais un gros rat gris en tapant du pied. Je laissai le tissu glisser le long de mes jambes fines et s’arrêter à la barrière de mes chaussures que j’ôtai également. Je décidai d’enlever mes chaussettes, juste pour cette fois et je me dirigeai vers la couchette pour en revêtir les pieds gelés de mon prisonnier. Puis je me figeai…

Il ne gémissait plus mais un mince sourire presque narquois étirait faiblement ses lèvres gercées. Je rougis, même pitoyable il était beau et j’hésitai un long, très long moment avant d’abaisser le dernier vêtement protégeant ma pudeur, si pudeur il restait…

J’étais donc nu pour la première fois dans la cellule de Draco Malfoy et je me sentis rougir telle une adolescente le jour de son premier baiser, je devais avoir l’air terriblement stupide. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi ce soir ? Pourquoi ? Un mot unique tournant en boucle dans mon esprit alors que je voulais juste voir les yeux mercure se braquer sur moi et cette longue main fine se tendre vers moi pour m’appeler, je chassais ces pensées audacieuses qui n’avaient nullement le droit de m’envahir à cet instant.

Et je m’avançai vers Draco dans ma glorieuse et glaciale nudité. Je calais son dos sur le mur, ma cape fourrée dressée en rempart derrière son dos. Je déboutonnai fébrilement les restes de ce qui fut autrefois une mince chemise de soie et la gardai ouverte sur ce torse abimé. Je lui ôtai son pantalon, me morigénant intérieurement pour toutes les pensées lubriques qui agitaient ma virilité que je désespérais de pouvoir maîtriser. Je lui laissai tout de même son boxer grisâtre, j’avais si peu confiance en mon corps qu’il ne fallait pas tenter le diable, il y avait si longtemps que je ne m’étais soulagé avec personne…

Et enfin j’approchai tremblant de sa couchette, et je sus à cet instant que je n’aurais plus jamais froid, car la seule pensée de ce que j’allais faire me réchaufferait probablement à jamais.

Sans plus discourir je m’allongeai donc contre ce corps, l’étroite couchette me força à coller nos deux corps et j’eus un hoquet à la fois de surprise et de plaisir. Malgré les conditions plus que rudimentaires et son état de dégradation avancé, sa peau était aussi douce que celle d’un nouveau né.

Allongé sur mon côté gauche, je faisais face à Draco Malfoy, je rapprochai mon corps du sien jusqu’à ce qu’ils s’emboitent à la perfection, ne perdant pas de vue mon but premier : le réchauffer, pour le moment, c’est moi qui avais très chaud. Je glissai ma main sur son flanc et remontai en une légère caresse jusque dans son dos où je l’attirai encore plus près, je crochetai une jambe autour des siennes et je ne pus m’empêcher de gémir lorsqu’involontairement mon membre dressé bien malgré moi frôla le tissu de son sous-vêtement. Enfin je posai ma tête dans le creux de son cou, dirigeant la sienne pour qu’il fasse de même, et je pouvais mourir.

Je ne bougeai plus, j’espérai lui transmettre un peu de ma chaleur, puis ma main se mit en mouvement sur son dos, légèrement et je le sentis bouger contre mon corps et ses bras vinrent m’enlacer inconsciemment.

Je dois admettre que j’étais excité, très excité, je n’avais qu’une envie c’était que mon corps se frotte à cette pâle épiderme jusqu’à ce que jouissance s’ensuive mais je me retenais, je serrai les dents très fort pour que mon corps m’obéisse, et la douleur de mes ongles dans ma paume semblait brider mon désir. Je ne pouvais pas lui faire ça alors qu’il était inconscient !

Et je finis par m’endormir... la respiration sereine de Draco fut bientôt remplacée par les cris cauchemardesques qui peuplaient mes nuits mais mes terreurs étaient apaisées quelque part parce que je sentais au plus profond de mon cauchemar, ce souffle léger contre ma nuque, cette épiderme chaude blottie dans ma chair, son corps recroquevillé contre mon corps.

Je m’éveillai doucement aux premières lueurs du jour que je devinais puisqu’aucune fenêtre n’ornait les murs de la cellule et je sus que cette nuit avait changé quelque chose, je ne savais pas encore quoi mais je savais que je ne pourrais plus me contenter d’une nuit, mon corps avait en quelques heures nourri une irrémédiable addiction à cette fraîche épiderme.

Et chaque soir après cela, je collais mon corps tremblant, de froid mais surtout de désir, contre le sien. Il était toujours dans cet état d’inconscience qu’ont tous les prisonniers ici. Après quelques mois de ce traitement, mon corps à l’agonie ne se languissait que de lui. J’avais cherché à me soulager dans la bouche de quelques hommes mais mon corps ne répondait plus, même physiquement, il ne voulait que Draco et qui étais-je pour l’en blâmer ?

Le matin d’une nuit que j’avais passée dans ses bras, quelque chose m’interpela. Je sentais mon patronus me glisser des avertissements à travers ses beaux yeux argentés mais je ne savais de quoi il voulait m’alerter. Je le sus lorsque je sentis un faible mouvement dans mon cou, mon souffle s’immobilisa au fond de ma gorge lorsque je réalisai que les lèvres de Draco commençaient à balayer mon cou… et sa main, immobile entre mes omoplates parcourut lentement mon dos jusque dans le creux de mes reins où il pressa gentiment, achevant d’embraser mes sens et il se mit en mouvement, lentement, doucement, de légers mouvements circulaires, ses hanches caressant les miennes.

Ce n’était pas possible, il ne pouvait pas être conscient ! Draco Malfoy n’aurait jamais… je suis… et il est… et nous sommes des hommes et je suis Harry Potter !

Je le repoussais de toutes mes forces avant de perdre le contrôle et de me jeter sauvagement sur son corps si désirable. Et là, je croisai ses yeux, ils étaient ouverts pour la première fois depuis des mois mais son regard était vide et semblait perdu, et je sus qu’il ne savait pas… c’eut été trop beau, n’est-ce pas ? Trop facile, pas assez Harry Potter…

Il n’avait manifestement aucune idée de qui j’étais mais il me souriait faiblement et il me tendit sa longue main fine en un appel muet comme j’en avais si souvent rêvé pourtant je ne pouvais pas m’y résoudre même si ma chair hurlait tant l’envie que j’avais de sentir mon corps en lui ou son corps en moi me tiraillait les entrailles ! Je n’avais pas le droit, pas parce qu’il était un Malfoy, ni parce que j’étais Harry Potter, ni même parce qu’il était mon prisonnier et moi son directeur mais simplement parce que tout Draco Malfoy prisonnier qu’il soit : j’aimais cet homme.

Ce fut une semaine après que l’incident survint. Hermione m’avait forcé à prendre des vacances. Elle avait fait irruption dans mon bureau telle la furie qu’elle pouvait être parfois, un Ron plus que réticent sur les talons… Ron n’aimait pas beaucoup venir sur mon lieu de travail… et elle me força à prendre une semaine de vacances. Ils allaient faire du ski je ne sais plus trop où dans un coin perdu de la France.

- Cet endroit te tuera Harry ! Asséna-t-elle sans pitié. Tu ne peux pas rester ici ! Regarde-toi, tu as maigri, tu n’es plus que l’ombre de toi-même !

Cette pâle imitation de Molly Weasley me fit faiblement sourire. Je n’avais rien dit à mes amis bien sûr ! Comment dire à Ron que j’avais accepté ce travail, affrontant chaque jour ma plus grande terreur, uniquement pour me blottir dans les bras d’un deatheater à la nuit tombée ? Je n’étais même pas sûr de savoir s’ils avaient conscience que la gente masculine avait toute mon attention… enfin plus toute la gente maintenant !

J’avais donc accepté, juste pour faire taire cette voix de crécelle hystérique qu’elle prenait parfois pour me convaincre, ça marchait à chaque fois mais pas pour les raisons qu’elle croyait ! Mais là, elle me regarda pensivement avant de demander :

- Pourquoi tu t’infliges ça Harry ? Cet endroit n’est pas bon pour toi…

- Encore quelques mois, juste quelques mois ! Lui répondis-je simplement.

Je quittais donc la prison pour une longue semaine pendant laquelle toutes les nuits mon corps réclamait le sien.

Lorsque nous quittâmes la France, je ne passai même pas à mon appartement pour déposer mes affaires, je rejoignis aussitôt la prison et me livrai à une véritable expédition commando pour m’infiltrer dans la cellule de Draco, pensant que la chose était nettement plus aisée la nuit. Soyons honnête, les dementors n’avaient que faire de leur directeur…

J’ouvris la porte doucement et là, tout mon sang me quitta alors que j’essayais de me souvenir comment respirer, comment hurler, comment crier, mes jambes se murent d’elle-même et je ne m’entendis même pas prononcer le patronus salvateur.

Draco était étendu sur le sol et je crois qu’il ne respirait plus, je voyais les rats s’approcher de lui avec convoitise et mes mains tremblaient si fort ! Je restai pétrifié quelques instants, je crois que mon cœur voulait s’arrêter tout de suite, pour mourir avec lui, quand étais-je devenu si pathétique ?

Je me secouai enfin.

- Draco ! Draco ! Appelai-je furieusement.

Son nom glissait sur mes lèvres pour la première fois et je n’en avais même pas conscience.

Mes jambes peinaient à suivre mes ordres mais je me retrouvai tout de même accroupi à ses pieds, l’oreille sur son cœur qui, à mon grand soulagement, battait encore faiblement.

Je le frictionnai du mieux que je pouvais, cherchant un moyen, une solution mais il n’y en avait aucune : on ne soignait pas les prisonniers à Azkaban, on les laissait mourir.

Dans un élan désespéré, je me couchai derrière lui, passant et repassant mes mains partout sur son corps frénétiquement dans un dernier sursaut de conscience, l’agrippant férocement, pensant stupidement que s’il sentait une présence, il se battrait encore un peu… trois mois seulement… dans trois mois nous serions libres…

Je me relevai pour regarder son visage dont la couleur bleue semblait se dissiper sous mes attentions. Je m’affairais encore sur son corps le recouvrant de ma cape quand soudain je suspendis tous mes gestes : il avait ouvert les yeux. Mais ce n’était pas les yeux perdus d’un prisonnier, c’était les yeux de Draco Malfoy, je connaissais cette lueur mieux que quiconque.

Et il tenta d’ouvrir la bouche, ses lèvres bleutée et blessée tremblotaient furieusement et ses dents claquaient fort dans sa bouche.

- Po... Pot… Potter… Parvint-il à articuler faiblement.

- Je suis là Draco… Tentais-je stupidement de rassurer… je suis là, je vais m’occuper de toi…

- Dé… dég… dégage !

Et ce mot lui coûta ses dernière forces : il s’était évanoui et mon cœur avec lui…

J’avais toujours su pourtant… même si quelque part au fond de moi j’espérais qu’il se souvienne de toutes ces nuits que je passais à réchauffer son corps, même si j’espérais qu’il puisse dépasser cette rivalité qui n’avait plus lieu d’être au fond d’une cellule miteuse, il n’avait pas à être fier avec moi, il pouvait cesser d’être digne pourtant il demeurait indéfectiblement lui et une bouffée de déférence m’envahit soudainement. J’étais de la trempe des opiniâtres ! Après tout j’étais un héros non ? C’était dans tous les magasines alors pour une fois je voulais être ce héros atypique que tous pensaient que j’étais, je voulais me mesurer à ce respect que j’éprouvais pour lui, pas pour le surpasser mais simplement pour égaler l’homme qui me l’inspirait.

Je me saisis du corps inerte et traversai toute la prison droit et digne esquivant, désarmant et détruisant chaque deatheater me barrant le passage, mon fidèle patronus m’ouvrant la voie.

Une fois dehors je transplanai dans mon appartement, mon fardeau dans les bras.

J’étais perdu, je n’avais jamais dû m’occuper de quelqu’un avant. Je ne savais pas quoi faire. J’avais déposé Draco sur mon canapé et je le regardai comme un veau qui ne comprend pas qu’il va bientôt y passer.

Et j’avisai toutes les coupures et la crasse souillant son corps.

Alors je fis couler un bain très chaud, me félicitant d’avoir choisi une baignoire plutôt qu’une douche à l’achat et je plongeai dans mon armoire à pharmacie regorgeant de toutes les potions antidouleur et curatives que me fournissait l’hôpital. Je n’avais jamais rien dit à personne mais certaines de mes blessures ne guériraient jamais et chaque jour je devais appliquer les baumes sur les vestiges du massacre et boire les potions pour cicatriser les plaies qui se rouvriraient plus sûrement le lendemain. C’était un rituel fastidieux mais pourtant nécessaire. Je ne m’expliquai pas le paradoxal besoin de me soigner contre cette si profonde envie d’y rester…

J’emplissais la baignoire de la potion la plus forte que je possédais et m’avançai vers Draco. Ce n’était pas le moment d’être timide mais je ne pouvais m’empêcher de rougir. J’allais le voir nu pour la première fois et j’avais peur, je ne sais pas si je pourrais croiser le regard de Draco Malfoy, celui qui m’a clairement fait comprendre que j’étais indésirable à ses côtés, alors même qu’il était entrain de mourir. S’il se réveillait pendant que je le baignais ?

Il avait pourtant besoin de ses soins alors je mis de côté mes questions existentielles d’amoureux éconduit et je le dévêtis lentement pour ne pas lui faire de mal. Ma main ne put s’empêcher d’explorer son torse et de caresser son ventre, et je fus parcouru de frissons persistants à mesure que je me rappelais le chemin sinueux de ses lèvres sur mon cou.

Je m’arrêtai à la barrière de son sous-vêtement qui ne ressemblait plus à rien. Je crochetai mes pouces de chaque côté et je pris une grande inspiration. J’étais un homme que diable mais je me sentais si démuni devant ce symbole bafoué d’une époque révolue et j’eus la puérile impulsion de fermer les yeux sur sa pudeur. Je ne le fis pas et mes mains descendirent lentement le tissu, ma respiration s’était égarée entre ses jambes et son abdomen alors que je ne pouvais détourner les yeux de son membre pâle au repos bordé de ce duvet de blonde corruption. J’aurais tout donné pour qu’il vive sous mes mains, tout cédé pour qu’il vibre entre mes lèvres, tout abdiqué pour qu’il se perde dans mon corps.

J’oubliai un moment toutes pensées lubriques pour le transporter dans la salle de bain, j’aurais pu utiliser un sort de lévitation mais il y avait quelque chose d’absolument délirant à sentir sa peau nue contre mon corps encore vêtu.

Je le déposai précautionneusement dans la baignoire et laissai l’eau envahir sa peau comme j’aurai aimé que mes mains puissent le faire.

La couche de saleté était assez impressionnante et l’eau se colora rapidement de teintes que je dois avouer ne jamais avoir vues auparavant, je changeai donc l’eau plusieurs fois avant de prendre un gant savonneux et de laver tendrement mon prisonnier.

Je commençai par le haut de son corps prolongeant parfois les caresses plus que nécessaire mais évitant soigneusement de penser à ce qui m’attendait plus bas. Finalement alors que je passais pour la centième fois sur son torse, prenant garde à ce que chaque écorchure entre en contact avec l’eau et la potion curative, je dus me résoudre à m’attaquer au bas de son corps. Ce ne fut pas si terrible et ce fut complètement victorieux et passablement excité que j’achevai mon œuvre.

Lorsque je dus laver ses cheveux d’étranges questions cheminèrent jusqu’à mon esprit m’admonestant pour ce sacrilège que j’allais commettre impunément. Je me demandais quel type de shampoing il utilisait d’ordinaire, s’il ne verrait pas d’inconvénient à ce que je le shampouine avec un produit bon marché, s’il aurait préféré l’odeur de la lavande à celle mentholée de mon produit anti-pellicule pour enfin reconnaître toute l’absurdité de ces interrogations et de me poser la seule et l’unique qui mettait tout mon esprit en branle : pourrais-je un jour recommencer avec son aval ?

Finalement je lançai un sort de lévitation pour le sécher correctement et déposai doucement entre mes draps. Il semblait avoir bien meilleure mine et je songeai que peut-être je m’étais un peu avancé concernant son état. Par mesure de précaution je me décidai tout de même à contacter Hermione qui travaillait comme stagiaire à l’hôpital, refusant de m’attarder sur la profusion de questions et diverses remontrances auxquelles j’aurais nécessairement droit.

Je sortais de ma poche ce téléphone qu’elle et Ron m’avaient offert en cas de besoin mais qui n’avait jamais servi.

- Harry ? Couina-t-elle presque. Tu vas bien ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Elle dut sentir l’urgence dans ma voix lorsque je lui demandai de venir tout de suite car quelques secondes après avoir raccroché, elle transplanait paniquée dans mon salon. Je ne lui laissai pas le temps de m’inonder de questions inutiles et je m’en voulus lorsque j’entendis la supplique dans ma voix.

- Il est par ici ! Dis-je en montrant ma chambre. Il va très mal, il a perdu connaissance il y a quelques heures, je lui ai donné un bain avec potions curatives mais je voulais être sûr…

Elle me regarda intriguée alors qu’elle s’avançait d’un pas rapide vers ma chambre. Je l’entendis émettre un son étouffé mais elle eut la décence de ne rien dire pourtant son regard ne laissait aucune équivoque, j’aurais à m’expliquer sur tout.

Elle dégaina sa baguette plus vite que son ombre et je l’entendis marmonner des choses auxquelles je ne comprenais rien.

- Depuis quand n’a-t-il pas mangé ?

J’allais stupidement répondre depuis cinq ans mais elle ne m’en laissa pas le temps.

- Il est clairement sous alimenté. Son corps est épuisé, sans doute l’effet des dementors… Soliloquait-elle presque. Tu as eu le bon réflexe en utilisant ces potions curatives mais il semble que le froid que laissent les dementors subsistera un long moment, il s’infiltre dans l’organisme après une certaine période de temps, j’ai lu une thèse là-dessus…

Je savais que si elle commençait à résumer cette fameuse thèse elle ne partirait pas avant des heures…

- Donc tout ce que je dois faire c’est le maintenir au chaud et le nourrir et il se réveillera… ? Demandai-je les yeux un peu trop plein d’espoir.

Elle se pinça les lèvres un instant comme pour retenir une phrase malheureuse.

- Eh bien, il a besoin de dormir parce que l’état de semi-conscience a du être épuisant pour lui pendant tout ce temps, son organisme a du mettre à profit toutes ses défenses immunitaires pour combattre l’intrusion des dementors et le froid permanent qu’ils génèrent nécessairement après infiltration dans l’esprit, donc je dirais le maintenir au chaud, le faire dormir et le faire manger oui mais tu dois faire attention, son estomac ne semble pas avoir ingurgité quoi que ce soit depuis un bon moment alors il ne pourra pas absorber de nourriture solide pour le moment. Je te suggère d’essayer des bouillons consistants pour commencer de toutes façons comme il n’est qu’à demi conscient tu ne parviendras pas à lui faire ingérer quoique ce soit d’autre… mais il ne se réveillera pas tout de suite, il faudra un certain temps, le temps qu’il évacue les résidus que les dementors ont laissé dans son corps, il aura peut-être des phases de conscience et d’autres de délires, on ne connait pas encore parfaitement les conséquences d’une exposition prolongée aux dementors ni même combien de temps peut prendre la guérison, d’ordinaire ceux qui entrent à Azkaban n’en ressortent pas… Harry est-ce que tu… ?

Ca y était, les mots qu’elle retenait péniblement depuis son arrivée venaient de tomber.

- Oui… Je soufflai.

J’en avais assez de mentir et peu m’importait ce qu’elle pensait ça ne changerait rien de toute manière.

Mais à ma grande surprise elle hocha juste la tête et me tendit un flacon que je pris sans rien demander.

- Trois cuillères par jour avant les repas… ça fixera la nourriture dans son organisme, il aura beaucoup de nausée quand il recommencera à s’alimenter. Et Harry ?

Je levai des yeux emplis de gratitude vers ma meilleure amie.

- Fais attention d’accord ? S’il y a le moindre problème, appelle-moi, de jour comme de nuit.

Je hochai la tête pour la remercier et elle me serra fort dans ses bras comme je n’aimais pas qu’elle le fasse mais curieusement aujourd’hui son étreinte me fit du bien. Elle ne me posa aucune question sur le fait que j’aie délaissé mon travail, kidnappé un prisonnier que je retenais d’ailleurs chez moi, sans parler de mon… intérêt pour lui…

Elle ne m’avertit même pas que j’aurais à répondre des conséquences devant le ministre, comme si ce que ce vieux gratte papier avait à dire m’intéressait…

Je retournai près de lui pour débuter une bien longue semaine. La nuit il tremblait sans cesse, peu importait le nombre de couvertures ou de sorts de réchauffement que je plaçais sur lui, ils étaient inefficaces. Je l’entendais gémir des phrases incohérentes, pleurer aussi parfois, j’essayais d’être là pour lui mais j’avais peur, et si Hermione s’était trompée… ? Je me saisis du téléphone presque désespérément pour l’entendre me répondre que s’il délirait c’était une bonne chose, que son organisme luttait contre le poison qu’étaient les dementors et tentait de l’évacuer lentement. Pourtant, l’étau qui m’enserrait l’estomac ne se lénifiait pas.

Le quatrième soir je m’approchai de lui, tout son corps semblait convulser sous le froid mordant, il faisait pourtant très chaud dans ma chambre, j’avais allumé un grand feu de bois que j’alimentais presque trop. J’étais déterminé, il devait aller mieux, il devait aller bien. Alors j’avançai vers mon lit _ j’avais investi le canapé depuis que je lui avais cédé mes draps _ je me mordillais la lèvre. En avais-je le droit ? Je n’étais pas en prison ici, je devais respecter son intimité… et puis il était nu…

J’hésitai encore un peu jusqu’à ce qu’il gémisse dans son sommeil et se recroqueville comme il le faisait à Azkaban et à cet instant, je n’hésitai plus. Je me dévêtis et m’allongeai face à lui, le prenant dans mes bras comme je le faisais la nuit dans sa cellule miteuse. Et là, victoire ! C’était un soupir de bien-être ! Il se blottit contre moi dans ce grand lit et moi je n’osai pas bouger, je ne voulais pas l’éveiller mais surtout j’avais peur qu’il ne surprenne mon état. Ma virilité malmenée n’appelait que lui… mon corps était au supplice alors que paradoxalement je ne m’étais jamais senti aussi bien de toute ma vie ! Très vite je m’endormis, frustré mais heureux de le tenir au creux de moi.

Le lendemain matin, je me levai plus enthousiaste que jamais : une douche et un sérieux petit déjeuner avant de m’occuper de mon malade mais au sortir de la salle de bain, je le trouvais agité, se débattant furieusement avec les draps et tremblant de tous ses membres.

Je me demandais s’il n’entrait pas dans la dernière phase de son inconscience. Il n’était là que depuis si peu de temps, il ne pouvait pas déjà aller mieux. Si j’avais été honnête j’aurais pu admettre que je le voulais encore un peu pour moi, pendant ces quelques jours j’avais eu cette illusion, lorsque je me blottissais contre lui et qu’il soupirait contre moi, seulement là je pouvais croire qu’il était dans mes bras parce qu’il le voulait, parce qu’il me voulait…

Je me précipitai à son chevet et repoussai les draps pour me loger derrière lui et le maintenir fermement. Je passais mes bras sous ses aisselles et enroulai les miens autour de ses épaules, ses épaules… je le retenais par les épaules… ou je me retenais à ses épaules… Je tentais de le rasséréner avec quelques mots réconfortants :

- Shhhh… tout ira bien… je suis là… n’ai pas peur… shhh… je te garde contre moi… Laisse-moi t’apaiser… Chuchotai-je.

Je hoquetai de surprise en sentant sa peau nue sur la mienne et ne remarquai même pas qu’il s’était calmé, mes mains se relâchèrent et descendirent le long de son torse, redessinant les maigres courbes et bien malgré moi, je commençai à onduler contre lui sans pouvoir m’arrêter, quelle ne fut pas ma surprise lorsque je le vis suivre mon mouvement ! Mon sexe caressait amoureusement ses reins et mon souffle se faisait plus empressé, je posai un léger baiser dans le creux de son épaule avant de mordiller tendrement la chair offerte _ la chair volée. Il gémit et je vins presque contre lui. Je devais arrêter ça, il n’était même pas conscient mais je ne pouvais pas, mon bassin butait et luttait à la fois contre son corps, j’avais tellement besoin de jouir et il accompagnait toujours mes mouvements et je criai, le repoussant de toutes mes forces, me maudissant pour ma faiblesse ! Je crois même avoir entendu ses os craquer mais j’étais tellement bouleversé que je n’y prêtais aucune attention. Je m’enfermai dans la salle de bain pour expulser cette infâme déjection enfin, honteux de ce que j’avais presque fait… J’aurais dû prendre plaisir à ce soulagement intempestif mais la réaction n’avait été que physiologique alors que l’écume blanche éructait de mon membre dressé. Je me dégoûtais.

Je sortis penaud et tourmenté de cette salle du péché et me décidai à faire ingurgiter un verre de lait à mon prisonnier... douce absolution… Et je commençai à lui parler… comme pour le mettre en confiance…

- Draco, il faut que tu manges… c’est grâce à ça que tu vas t’en tirer…

Son visage était crispé et je me demandais s’il pouvait m’entendre mais je n’eus pas à me poser plus de question parce que ses yeux papillonnèrent un moment puis s’ouvrirent brusquement. Et je sus que c’était lui lorsqu’il me toisa de tout son mépris.

Curieusement je baissais les yeux…

- Je… euh… comment tu te sens ?

Il fut pris d’une forte quinte de toux et je me précipitai vers lui tendant son verre de lait, il le repoussa d’un geste bien trop vif pour son état et tenta de se redresser mais n’y parvint pas. Je soulevai alors sa nuque et le maintins jusqu’à ce que la toux se résorbe, ignorant le liquide imprégnant la moquette de ma chambre.

Je surpris son regard fureter dans la pièce et j’anticipai ses questions :

- Tu es chez moi… je t’ai ramené… Azkaban… la prison… était entrain de te tuer…

Il écarquilla démesurément les yeux.

- Je ne veux pas de ta pitié ! Cracha-t-il venimeux mais la voix légèrement rauque des jours où il n’avait pas parlé.

Mais ce n’était pas de la pitié…

- Repose-toi je repasserai tout à l’heure… Marmonnai-je doucement comme pour endiguer les cris.

Et je l’entendis vociférer derrière la porte :

- Ramène-moi là-bas ! Je ne veux rien avoir à faire avec toi !

Je m’adossais contre celle-ci avant de me laisser glisser au sol :

- Je t’aime… murmurai-je.

Mais je savais qu’il ne m’avait pas entendu…

La semaine passa difficilement. Il ne voulait rien savoir, il se contentait de hurler à tout va, j’étais agréable avec lui, je lui préparais à manger, je le réchauffais la nuit, je le soignais aussi mais rien n’y faisait, j’aurais tellement aimé lui dire que sans ma chaleur, il n’était rien, lui dire que j’aurais fait n’importe quoi pour lui mais je n’y arrivais pas lorsque j’étais résolu à lui parler je regardais dans ses grands yeux pleins de haine et je m’y voyais… c’était insupportable.

Parfois il avait encore quelques phases d’inconscience, surtout la nuit, ce qui me permettait de prolonger ces moments de félicité onirique où je pouvais l’étreindre comme s’il était mien.

Un matin de la quatrième semaine, je lui apportai son petit déjeuné et il m’envoya le plateau à la figure, une énième fois, j’en avais l’habitude mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé ce matin là, j’ai juste craqué, je ne pouvais plus, je n’arrivais plus à me regarder dans ses yeux emplis d’aversion alors que la nuit… j’avais le sentiment que nous étions presque… intimes…

Je le fixais, tellement meurtri, tellement blessé, j’avais des larmes pleins les yeux mais je refusais de lui montrer ma faiblesse, je ne pouvais pas lui faire ce plaisir.

J’appelai Hermione en catastrophe, je devais sortir, j’étouffai ici, je le sentais partout autour de moi et j’avais si mal que je songeai un instant à partir loin mais je ne pouvais pas le laisser seul… Il ne pouvait même pas se lever.

- Harry ?

Hermione était enfin là. Je l’entendis approcher de la salle de bain où je m’étais enfermé…

- Harry ?

Elle ouvrit la porte et me voyant en larme effondré sur le sol, elle se précipita sur moi.

- Oh mon Dieu ! Harry ! Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Je ne… je ne peux plus Hermione… je… je n’y arrive plus… quoique je fasse… il…

- La, la… ça va aller Harry… il est juste un peu déboussolé, il ne se souvient de toi que comme son rival, il ne t’a jamais vu autrement…

Non elle ne comprenait rien ! Ce n’était pas ça ! J’avais déjà statué sur ce qu’on était et ce qu’on n’était pas et tout cela m’était bien égal à présent !

- Il veut que je le laisse retourner là-bas…

- Quoi ?

- Je crois qu’il veut finir de purger sa peine mais si je le laisse… je le perdrai…

Elle ne répondit rien et se contenta de me caresser les cheveux pendant quelques minutes jusqu’à ce que les soubresauts de mon corps s’atténuent pour ne laisser place qu’à une mélancolie extrême.

- Hermione, j’ai besoin de… je voudrais être seul… est-ce que tu pourrais veiller sur lui le temps que j’aille m’aérer un peu ?

- Bien sûr.

J’aimais ce regard doux qu’elle me lançait quand j’allais mal c’était ce qui me rassurait le plus je crois. Et puis je savais qu’entre ses mains, Draco ne craignait rien ! C’est idiot, je pensais à lui presque plus que je ne pensais à moi, il est devenu le centre de tout, le centre de moi…

Je marchais pendant des heures en ruminant les paroles dégradantes et les gestes violents de mon prisonnier, je ne parvenais pas à éloigner mon esprit de lui, il était greffé à chacune de mes cellules, il était une partie moi.

J’observais le soleil décroître dans le ciel et je marchais encore et toujours, sans but, j’errais comme une âme en peine mais cette âme, je ne l’étais plus, je ne l’avais plus. Il était passé minuit lorsque le téléphone portable sonna et me fit sursauter :

- Harry ! Enfin ! Ca fait des heures que j’essaie de t’appeler pourquoi tu ne réponds pas ?!!!

Je n’avais même pas entendu le téléphone sonner.

- Je ne sais plus quoi faire Harry ! J’ai essayé toutes les potions et les charmes que je connaissais mais il est trop agité, je n’arrive pas à le calmer ni à le réveiller, il doit être dans une de ses phases d’inconscience…

Je ne la laissai pas finir et je transplanai aussitôt, directement dans ma chambre.

Elle m’adressa un regard paniqué mais je ne la voyais pas, tout ce que je voyais c’était le corps famélique convulsant violemment sur mon lit, propulsant les draps aux quatre coins de la chambre, révélant sa nudité, sa maigreur, sa pâleur, me révélant sa splendeur.

Hermione s’agitait elle aussi autour de moi mais je n’entendais rien, j’avais laissé tomber ma lourde cape d’hiver et je commençais à déboutonner ma chemise rapidement, puis mon pantalon et enfin, je lançais un regard gêné vers Hermione…

- Tout va bien aller maintenant… Je lui assure.

- Tu es sûr Harry ?

- Oui, affirmai-je, je sais ce dont il a besoin…

Et à ce moment précis, j’y croyais fort…

- Très bien, je repasserai demain matin…

Je hochai la tête et elle transplana.

Enfin, j’ôtai mes sous-vêtements et je m’étendis contre son corps, il se calma presque instantanément, il hoqueta un peu, résidu des sanglots qu’il avait versés puis il passa ses mains dans mon dos et enfonça ses ongles dans ma chair… est-ce qu’il voulait me punir de m’être enfui ?

- Tout va bien Draco… je suis là, je ne te laisserai plus…

Et je murmurai dans son cou ma litanie infectieuse d’abandon :

- Pardon… pardon… pardon… je ne te laisserai plus… pardon…

C’était lui qui était au bord du précipice et pourtant moi qui me sentait si fragile entre ses mains. Nos corps étaient si étroitement serrés que rien n’aurait pu s’immiscer entre nous. Et je m’endormis… à ma place.

Le lendemain matin, une douce lumière filtrait entre les rideaux de la chambre mais j’étais bien au chaud et je refusais de quitter mon lit, ce délectable poids reposant sur ma poitrine était si bon, ses jambes qui se mêlaient aux miennes et ses flancs qui caressaient les miens…

- OH MERLIN !!!

Je ne m’étais pas réveillé, je n’avais pas mis mon réveil, et ce poids c’était Draco ! Je priais tous les dieux pour qu’il ne soit pas encore réveillé puis je me raisonnai vivement en me disant que s’il avait été réveillé je serais probablement étalé par terre à l’heure qu’il était. Alors je me décidai enfin à ouvrir les yeux. Et je sombrai dans un mercure profond, il venait de s’éveiller et j’allais bientôt mourir…

- Dra… Draco… attend, je peux tout t’expliquer, je te jure… laisse-moi… Je paniquai complètement… je ne voulais pas mais…

- DEGAGE DE LA POTTER !!! COMMENT AS-TU PU ??? QU’EST-CE QUE TU M’AS FAIT ??? OH MERLIN… TU M’AS… TU M’AS…

- NON !!! Jamais je n’aurais fait ça, je te jure !

- ALORS COMMENT TU EXPLIQUES QUE JE SOIS NU ET TOI AUSSI ET DANS TON LIT EN PLUS !!!! TU AS ABUSE DE MOI !!! TU N’ES QU’UN DETRAQUE !!!

Il se redressa aussi digne qu’il le put sur mon lit, il était rouge de fureur et haletait dangereusement. Je ne savais pas comment lui expliquer que je ne l’aurais jamais touché sans son accord… enfin pas comme ça ! Mais je sentais que quoique je dise il ne me croirait pas… des larmes de désespoir dévalaient mes joues mais que faire face à lui ? Je me sentais misérable alors qu’il continuait de vociférer à quel point je pouvais être pervers.

- TU CROIS QUE DIRIGER LA PRISON TE DONNE TOUS LES DROITS SUR LES PRISONNIERS !!! JE NE SUIS PAS UNE PUTAIN POTTER !!!

Un haut le cœur corrosif remonta ma gorge à ces mots cinglants, il me lacérait le cœur, il me traînait dans la boue…

- COMBIEN D’AUTRES PRISONNIERS AS-TU ENCORE A TON PALMARES POTTER ??? DE COMBIEN PEUX-TU TE VANTER D’AVOIR VOLER LA DIGNITE ???

Ce fut à ses mots que mon désespoir se transforma en rage et que j’explosai :

- TU NE SERAIS PLUS RIEN SANS MOI MALFOY !!!! PLUS RIEN QU’UN PRISONNIER DECHARNE ET MOURRANT DANS UNE CELLULE MITEUSE, TON CORPS BOUFFE PAR LES RATS !!!

- Bon Dieu quelle suffisance Potter ! Tu n’es qu’un dépravé ! Tu crois que sauver le monde te donne droit sur tout ! Eructa-t-il désabusé.

- JE NE T’AI RIEN FAIT !!! Hurlai-je de plus belle, sentant mes cordes vocales trembler sous la tension. JE T’AI EMPECHE DE MOURIR ET C’EST BIEN MON SEUL CRIME !!!! J’AURAIS DU TE LAISSER CREVER !!! MAIS NON, IL A FALLU QUE…

- … que tu joues les héros, c’est bien ce que tu allais dire ? Tu es pathétique ! Asséna-t-il sans pitié.

- OUI JE SUIS UN HEROS !!! QUI A NOURRI TON CORPS PENDANT 5 ANS ALORS QUE TU TE MORFONDAIS APRES UN PERE QUI T’AS EMBRIGADE AU SERVICE DE CE MONSTRE !!! QUI A RECHAUFFE TON CORPS TOUTES LES NUITS PENDANT 5 ANS GARDANT TA CELLULE A L’ABRI DE SES CREATURES DE L’ENFER ??? QUI A CONSOLE TES CAUCHEMARS ET SECHE TES LARMES PENDANT TES DELIRES ??? QUI A FAIT TOUT CA DRACO ??? MOI, MOI, MOI ET ENCORE MOI !!! TU N’ES RIEN SANS MOI !!!

Et là, je le regardai m’asphyxiant presque de rage, il n’avait pas bougé mais son visage était blême, décomposé.

- Je ne t’ai pas touché Draco… Soufflai-je la voix rauque et brisé par mes cris, puis je poursuivais comme par dépit… même si j’aurais aimé, je ne t’ai pas touché…

Il sembla sortir de son état catatonique à ces mots. J’aurais tout donné pour savoir ce qu’il lui passait par l’esprit à cet instant précis.

- C’était toi… Dit-il simplement d’une voix que je ne connaissais pas.

Une mèche dorée lui barrait le visage mais j’apercevais tout de même ses yeux, il était magnifique ! Je ne reconnaissais pas ce visage, c’était lui pourtant je le voyais dans ses yeux, mais je ne comprenais pas ce qui avait changé, mon cœur battait à tout rompre et j’avais très peur, il avait comme une main posée dessus… il pouvait très bien l’apaiser… ou me l’arracher…

- C’était toi… Répéta-t-il de cette même voix étrange.

- Moi quoi ? Chuchotai-je pour ne pas briser le silence qui s’était installé.

- Toutes ces nuits où je pensais mourir, quand je sentais cette chaleur autour de moi… je croyais… je croyais que la Mort avait enfin pitié, je croyais qu’elle venait enfin pour moi… je croyais que c’était sa chaleur qui m’emportait… mais c’était toi… c’était toi qui me laissait seul dans le froid tous les matins…

- Pardon… Le coupai-je peu sûr de ce pourquoi j’invoquais son pardon.

- Cette odeur… c’était toi aussi… parfois je sentais que la mort avait un parfum capiteux, presque familier, mais c’était toi…

Je ne voyais pas où tout cela me menait et j’avais si peur ! Pourtant la magie se brisa avec ces trois mots :

- Laisse-moi maintenant…

Je ne discutai pas, le cœur battant je refermai la porte mais mes craintes étaient bien loin de s’être estompées.

Je me dirigeai vers la cuisine. Tout était terminé maintenant… J’envoyai valser ma tasse de thé sur le mur : HORS DE QUESTION ! Tout sera terminé quand JE le dirais ! Et il n’avait pas fini de m’entendre !

J’entrai en trombe dans ma chambre, l’idée de frapper ne m’avait même pas effleuré ! Je le trouvai enfoui sous les draps mais la tête appuyée contre le mur.

- Je n’ai pas terminé Draco ! Alors tu vas m’écouter jusqu’au bout ! Tu me dois bien ça ! Je t’ai sauvé la vie !

J’avais conscience d’être bien présomptueux mais il y avait une part de vérité et c’était la seule manière que j’avais trouvée pour le faire réagir.

- Tu oublies un détail Potter ! Je ne t’avais rien demandé ! Rétorqua Draco avec virulence.

- Bon sang Malfoy mais quel ingrat tu fais ! Tu ne peux pas ravaler ta fierté pour une fois ! M’emportai-je de plus belle.

- CE N’EST PAS MA PUTAIN DE FIERTE !!! Rugit-il me faisant sursauter. JE MERITAIS ÇA, TU NE COMPRENDS PAS, je mérite ça… Termina-t-il dans un murmure rauque.

Là, j’avoue qu’il m’avait pris par surprise…

- Je veux finir de purger ma peine Potter…

Je restai sans voix, que pouvais-je lui répondre de toute manière ? J’étais abasourdi, il avait muri beaucoup plus que je ne le pensais et finalement ce n’est pas cette rivalité infantile qui se dressait entre nous, c’était simplement un incident de parcours, nos parcours, nos vies…

Je hochai la tête simplement, trois mois, il ne lui restait que trois mois, ensuite je quitterai cette prison sordide.

- D’accord, déclarai-je enfin, quand tu iras mieux tu y retournas…

- Combien… combien de temps il me reste ? Je n’avais pas vraiment la notion du temps là-bas, à peine quelques sursauts de conscience parfois…

- Il te reste trois mois… annonçais-je d’une voix blanche… après tu seras libre et je suppose qu’il faudra que tu te renseignes auprès du ministère pour récupérer tes biens… bien sûr une grosse partie a été saisie par le ministère puisqu’ils ont retrouvé certains papiers attestant des affaires crapuleuses de ton père mais il te reste tout de même un capital relativement conséquent suite à tous les investissements…

Il hocha la tête frénétiquement comme s’il voulait juste que je me taise et je devais bien avouer que je parlais parce que je n’aimais pas cet étrange silence qui menaçait de s’installer, celui pendant lequel je brûlerais de lui demander de rester sans oser desceller mes lèvres…

- Potter ?

Je levai les yeux vers lui rencontrant la glace que je ne me souvenais pas avoir quittée.

- Est-ce que tu as perdu ta place… à la prison… ?

J’eus un sourire entre dérision et sarcasme avant de répondre :

- Je suis Harry Potter, je ne perds jamais rien…

Sauf ceux que j’aime… avais-je eu envie de préciser mais je me sentais suffisamment pathétique comme ça sans en rajouter…

- Mais je pensais que les dementors étaient…

- Ils le sont… coupai-je avant qu’il ne poursuive.

- Et pendant encore combien de temps comptes-tu jouer les héros en bravant ta plus grande peur ? Se moqua-t-il de l’ironie plein la gorge.

- Trois mois. Répondis-je d’une voix blanche.

Son regard agrippa le mien et ce fut le signe pour moi qu’il était temps de partir, c’était la plus longue conversation que je n’avais jamais eue avec Draco Malfoy.

- Tu devrais dormir maintenant…

Je sortais finalement de cette pièce, curieusement apaisé, je me demandais ce qu’il avait compris de cette conversation, j’avais presque tout avoué, maladroitement, à demi mot mais c’est tout ce dont j’étais capable je crois.

J’étais content qu’il sache, comme un lourd secret qu’on garde enfoui en soi et je regrettais de ne pas avoir savouré un peu plus sa présence.

Je regardai distraitement par la fenêtre depuis ce canapé dont les ressorts me broyaient les reins, la lumière du dehors était très faible, c’était un soir sans lune, je me surpris à penser à Remus, il me manquait, il était un peu comme le dernier écho de mes parents je crois et il n’était plus là. La nostalgie tambourinait une fois de plus à ma porte et je lui ouvrais grand. Il y avait des jours meilleurs parfois mais ces temps-ci je ressassais le passé comme s’il pouvait se remodeler rien que pour moi… du sur mesure…

Mes pensées furent interrompues par un grand fracas et je sus sans me poser de questions que ça venait de ma chambre. Je me précipitai et défonçai presque la porte pour trouver Draco effondré au sol, il s’était, considérant la scène, littéralement laissé tomber de son lit, il était livide et tremblait comme une feuille, on aurait dit qu’il avait essayé de ramper, après tout ce qu’il avait dit, aurait-il voulu fuir ? N’’avait-ce été qu’une parade ?

- Po… Pot… Potter… je… j’… j’ai fr… froid…

Je voulais regarder dans ses yeux avant d’y croire…

Il releva la tête et planta ses yeux de Draco Malfoy dans les miens avant de tendre la main vers moi. Et ce fut l’explosion dans ma tête, il reconnaissait qu’il avait besoin de moi et c’était la plus belle de toutes mes victoires, mon côté d’éternel gryffindor jubilait d’avoir fait ployer le slytherin mais le reste de moi se précipita pour l’enlacer.

Il soupira de bien-être alors que j’enroulais fermement mes bras autour de lui.

- Ne t’emballe pas Potter… tes couvertures sont juste un peu trop rêches pour ma peau délicate !

Et je ne pus supprimer ce sourire niais de mes lèvres, même lorsqu’il tenta de me l’ordonner de sa voix glaciale et dédaigneuse… pas quand mes mains glissaient sur son ventre, pas quand ma bouche effleurait son cou et définitivement pas lorsqu’il gémit de ne pouvoir sentir la chaleur de ma peau…

Je me dégageai de son étreinte suffisamment pour ôter mes vêtements, me tortillant en tous sens et lui arrachant une plainte agacée, puis me rallongeai à ses côtés, mon corps nu contre le sien comme j’en avais si souvent rêvé mais cette fois c’était vrai et je l’entendis soupirer dans son sommeil.

Le lendemain matin fut un peu plus maladroit parce que nos corps étaient toujours étroitement collés et je savais que si Draco était éveillé, mon état ne passait certainement pas inaperçu. C’est à cet instant que je le sentis se mouvoir contre moi, frottant outrageusement ses fesses contre ma verge gonflée et je pensais qu’il dormait encore, je stoppai donc ses hanches fermement de mes deux mains avant que ça n’aille trop loin et que je ne puisse le repousser, c’est alors qu’il se retourna dans mes bras et stupeur ! Il était parfaitement éveillé et je n’avais aucun doute sur le fait que c’était bien Draco Malfoy qui regardait dans mes yeux.

Il attrapa ma main sur sa hanche sans cesser de me regarder, ce n’est pas qu’il me mettait mal à l’aise mais je devais avouer que je n’étais pas totalement en confiance. Il glissa sa main dans la mienne et dirigea nos deux mains sur mon sexe. Je crois… je crois qu’il voulait que je lui montre… que je lui montre ce que j’aime alors je le laissai doucement caresser ma virilité et déjà ma respiration était sifflante. Je pris une profonde inspiration et il la cajola du bout de ses doigts. Mon corps ignescent ne répondait plus à rien. Je m’allongeai sur le dos et il se plaça à demi sur moi, ma peau suintait de désir, entretenant une intime correspondance avec mes joues rougies, il inséra une de ses jambes entre les miennes, il frotta son propre sexe contre ma cuisse et Merlin, ce que c’était bon !

Je crois qu’il avait du sentir ma verge gonfler encore sous ses doigts… parce qu’il souriait.

J’avais envie de ses lèvres, j’humectai les miennes par réflexe mais je vis dans ses yeux qu’il n’allait pas me donner ce que je voulais… pourtant je ne voulais qu’un baiser. En revanche, il prit franchement mon sexe dans sa main et ma respiration se coupa instantanément, je ne savais pas ce qu’il faisait avec ses ongles mais j’aimais les sentir courir sur moi.

Je  poussai une clameur désespérée quand son autre main vint se joindre à l’équation, elle taquina mes bourses déjà offertes, jouant avec elles, les fit rouler dans le creux de sa paume, je sentais un feu dans mes joues, dans mes reins, dans mon ventre partout, embrasant, corrompant, pervertissant, soudoyant sans vergogne le peu de raison qu’il me restait. Ma poitrine se soulevait douloureusement, je suffoquais je crois et il accélérait sans pitié les mouvements de son poignet sur moi et j’aimais ça ! Ma main l’avait déjà quittée mais mon corps pouvait dire qu’il savait parfaitement ce que j’aimais. Sa main gauche quitta mes bourses pour caresser mon ventre, je ne m’attendais pas à ce genre de caresse, je ne me faisais aucune illusion sur Draco _ bien sûr qu’il ne m’aimait pas _ mais sa caresse était si sensuelle que j’avais presque envie de croire qu’il le voulait aussi…

Son index jouait avec mon nombril, lui tournoyant autour dans un effleurement sadique, mais ce jeux là ne me faisait pas rire, il me faisait crier. Sa langue rejoignit bientôt son index et je ne savais plus où je vivais ni quel était mon nom et je m’en balançais parce que Draco Malfoy me touchait !

Il accélérait encore et je savais qu’il voulait me tuer à présent mais j’appelais la mort de tout mon être et l’accueillais chaleureusement. Je sentais la chair rougie glisser dans sa main, encore et encore et encore, son pouce câlinait la tête de mon désir et le contraste de douceur et de violence entre les mouvements vifs de sa main et les tendres caresses de son pouce me fit tourner la tête que je rejetais en arrière, mes yeux se révulsant sous les déferlantes de plaisir intense qui ravageaient mon corps et je suffoquais, je ne pouvais plus respirer, j’étouffais, j’allais jouir, j’allais mourir…

- Dr… Dra… Draco… je… je vais… mourir, je vais mourir… Haletai-je péniblement.

J’avais connu beaucoup d’hommes, je n’aurais même pas pu en faire une estimation approximative si j’avais dû, j’avais tout fait avec ces hommes je crois et je les avais laissé faire en retour mais là dans les bras de mon prisonnier, c’était comme si je n’avais jamais connu ni le désir, ni l’excitation ni la jouissance, c’était plus fort que tout et ce n’était qu’une main sur mon sexe !

C’est là qu’il se mit à hauteur de mon visage et qu’il me sourit, je ne connaissais pas ce sourire mais les mouvements vifs de sa main ne s’arrêtaient pas et je haletais toujours comme un dingue absorbant la moindre petite goulée d’air qui ne boudait pas mes poumons. Et enfin, je sentis sa bouche, elle était partout sur mon visage, le butinant, le touchant à peine, parfois frôlant juste mes lèvres mais c’était ces caresses-là qui me faisaient frissonner le plus, c’était elles qui faisaient déborder mon corps de plaisir et aspirer mon cœur dans ce flot tumultueux d’émotions que je pensais anesthésiées depuis longtemps, puis il chuchota contre mes lèvres :

- Shhhh… tout ira bien… je suis là… n’ai pas peur… shhh… je te garde contre moi… Laisse-moi t’apaiser…

Et je reconnus parfaitement mes propres mots, il m’avait entendu… Et ses mouvements ralentirent sur mon sexe, se firent plus voluptueux, pourtant ma respiration demeurait toujours incertaine. Je voulais lui dire, je voulais tellement lui dire…

Je le sentis se frotter langoureusement sur ma cuisse, ses mouvements étaient très lents, presque calculés.

Il glissait sur ma chair au même rythme que sa main sur ma verge et je gémissais comme la dernière des catins, comme je n’avais jamais gémi pour un homme.

- Dra… co… je… venir…

Je ne pouvais plus avoir ni de pensées ni de phrases cohérentes, tout ce que j’avais à l’esprit, c’était Draco. Pourtant au dernier moment alors que mon corps allait se rendre, je le sentis presser la base de mon pénis et je l’interrogeai du regard, le souffle court et les joues brûlantes, il ancra ses yeux dans les miens un long moment, puis captura mes lèvres. Une douce pression, un mordillement et il se retira, embrassa mon nez, frotta le sien gentiment sur mes joues, sur mes lèvres et j’avançai toujours plus les miennes, recherchant avidement le contact de sa bouche qu’il me refusait.

- S’il te plaît… Draco…

J’espérais qu’en le suppliant il me donnerait ce que je voulais si fort…

- Qu’est-ce que tu veux Potter… ? Demanda-t-il presqu’innocemment bien que légèrement haletant aussi. Dis-moi ce que tu veux… murmura-t-il sensuellement.

- Ta… ta bouche… un baiser…

Et je vis que je l’avais surpris, il ne s’attendait définitivement pas à cette réponse… mais c’était pourtant ce que je voulais…

Alors il m’embrassa, tendrement, avec beaucoup de retenue, apprenant d’abord la souplesse de mes lèvres, leur rondeur, leur goût juste un peu salé, leur texture légèrement humide et lorsqu’il pénétra ma bouche de sa langue, il relâcha ma verge d’un coup, et j’explosai littéralement dans sa main, complètement sous le choc, mes yeux écarquillés démesurément comme si c’eut été ma première jouissance et je le sentis venir contre ma cuisse dans un profond soupir.

Il resta dans mes bras après ça et ses yeux brillaient étrangement. Il avait relevé sa tête dans une de ses mains et avait posé l’autre sur mon cœur… un hasard sans doute…

Il me fixait pensivement mais je n’osai lui dire ce qui me brûlait les lèvres.

Dans quelques jours, il serait suffisamment bien pour retourner à Azkaban et finir de purger sa peine, je ne sais pas ce qu’il adviendra de ça, de nous _ je crois que c’était un nous finalement _ mais j’y retournerai moi aussi et chaque soir, je me glisserai dans sa cellule comme depuis cinq ans jusqu’à la dernière nuit… et ensuite il partira et je partirai, peut-être que nous partirons ensemble… ou peut-être pas.

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4 février 2008

lgjrgjrpgperhgerihgi

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4 février 2008

1.1 Le Conteur

Genre : je suis pas très sûre…

Pairing : je suis pas très sûre non plus !!! LOL Normalement RW/DM

Rating : M tardif

Disclaimer : Tous les persos présents dans cet OS sont à JKR excepté Tom, Robert, la libraire et les mioches…

PS : j’ai pris certaines liberté concernant Thorfinn et Laura…

- J’ai un travail pour toi ! Annonça-t-il en jetant une pochette grisâtre devant le jeune homme.

- Harry Potter… eh bien, eh bien, c’était il y a combien de temps ? Deux ans, trois ans ? Demanda l’autre homme, d’une voix enjouée.

Harry s’avança jusqu’à toucher le large bureau d’acajou. La pièce était lumineuse, il ne s’y était pas attendu. Une plante verte agonisait dans un coin de la pièce et une pile de dossiers attendant d’être traités, reposait négligemment sur l’angle du bureau. Il avait tort, il le savait bien, mais que faire d’autre ? Il délogea ses mains de son épais manteau brun, le nez rougi, il profita de la chaleur de la pièce pour ôter ses gants.

Au fond de la pièce, de longues flammes séductrices crépitaient dans l’âtre, léchant le pourtour de larges buches rougeoyantes sous les assauts divinement corrupteurs. C’était l’hiver, il faisait très froid, tous attendaient patiemment la neige, Noël devait être blanc cette année. D’ailleurs ce mois de novembre était presque blanc si l’on considérait l’épaisse couche de givre recouvrant les voitures des muggles. Harry aimait particulièrement entendre les fines pellicules de glace se fissurer sous ses pieds, il était transporté par le craquement silencieux de ce duvet ferme et immaculé.

Il n’en avait soufflé mot à âme qui vive, à quoi bon ? Hermione l’en aurait probablement dissuadé et il n’était pas sûr que Ginny puisse comprendre, lui-même avait beaucoup de mal.

Un joli porte-manteau en fer forgé, élégamment travaillé conférait à la pièce une dimension classieuse que ne possédait certes pas le propriétaire de l’autre côté de la pièce. L’unique fenêtre était immense et c’était la première chose qu’il avait remarquée lorsqu’il avait pénétré le repaire de l’homme. Il aurait aimé en avoir une de ce style dans son propre bureau.

Seamus Finnigan le fixait toujours, son regard amusé n’atteignit pas Harry lorsqu’il répondit froidement :

- Deux ans, Seamus. Je ne pensais pas que tu aurais oublié si vite tant de litres de sang.

Seamus grimaça comme s’il avait soudain pris conscience des émanations pestilentielles de la pièce, comme si l’odeur du sang et des entrailles répandues se rappelaient à son bon souvenir, comme s’il était encore présent, debout, prostré sur un champ de bataille qui avait vomi, vomi ses héros, vomi ses soldats, ce champs de bataille qui s’était abreuvé de ce liquide carmin trop épais pour finalement s’y noyer et emporter comme un secret le dernier souffle des condamnés. Le sol ne prenait pas parti lui, la terre n’avait pas choisi, ensemble ils ont enveloppé les soldats des deux camps de leur manteau de poussière, le vent a balayé leurs gémissements de douleur et la nuit a emporté au loin leurs souvenirs dérangeants.

- Je n’ai pas oublié Harry mais je ne peux pas nier ne pas avoir essayé. Rétorqua-t-il franchement.

Harry soupira, soudain très las.

- Je sais, j’envie ceux qui y sont parvenus.

- Y en a-t-il ? Demanda philosophiquement Seamus.

La guerre s’était achevée sur la victoire de l’Ordre : Harry avait vaincu, de nombreuses pertes avaient été déplorées  mais le monde sorcier avait enfin trouvé une forme de paix relative. Ron et Harry avaient finalisé leur apprentissage et étaient devenus de brillants aurors tandis qu’Hermione avait ouvert son propre journal. Chaque année à Noël tous les membres de l’Ordre se réunissaient pour célébrer la victoire et honorer leurs héros : Fred, Mad-Eye, Dobby, Severus, Remus, Tonks, Ted, Edwig et tous les autres qui s’étaient battus férocement pour qu’Harry puisse les délivrer.

Ron et Harry avaient ensuite pris un appartement ensemble que George leur louait à un prix exorbitant _ « aucun traitement de faveur », avait-il certifié à Ron prônant les valeurs familiales comme un passe-droit _ mais il était spacieux, lumineux et ils pouvaient garder un œil sur George, juste au cas où car la perte de Fred l’avait dévastée.

- Alors Harry, tenta Seamus plus jovialement, qu’est-ce qui t’amène dans ce modeste bureau en plein cœur du Londres Muggle ?

Seamus croisa théâtralement ses doigts sur le bureau poli, plantant ses grands yeux verts dans leurs homologues.

Harry se surprit à penser qu’il ne manquait plus à Seamus que le traditionnel chapeau et le havane entre les lèvres et son ami d’autrefois aurait tout d’un parrain des plus dangereux. Il ne put s’empêcher de noter que la petite étincelle malicieuse qu’il avait du temps où ils étaient encore camarades de dortoir s’était fanée. En fait, Seamus Finnigan avait vieilli. Ses cheveux blonds avaient poussé et de légères rides ornaient à présent son visage, juste au creux de ses yeux, la vie avait tracé son sillon.

Harry pour toute réponse esquissa un léger signe de tête vers le dossier se trouvant toujours sur le bureau.

Seamus tendit la main vers la petite pochette sans quitter Harry des yeux pour autant, l’air vaguement intrigué, mais lorsque ses yeux se posèrent sur l’unique feuillet que comportait la chemise, son regard se ternit, son visage s’assombrit et il sembla à Harry que tout son corps s’était figé.

Il leva les yeux, ils n’avaient plus rien d’amusés ni d’intrigués, une sourde colère y grondait et une tempête furieuse s’y déchaînait.

- C’est une plaisanterie ? Attaqua-t-il rageusement.

- Non. Dit fermement Harry.

Harry avait muri avec la guerre et les années. Bien entendu, il avait conservé son impulsivité toute gryffindoresque, la même qui l’avait conduit dans ce bureau alors que Noël approchait à grand pas, mais sa formation d’auror lui avait appris à garder une certain maîtrise en situation critique, indispensable à la survie d’un bon auror. Et son instinct lui signifiait que la situation était définitivement critique.

- Alors tu as perdu l’esprit ! C’est hors de question Harry tu m’entends ! Éructa-t-il. Son visage s’était empourpré sous la colère mais Harry tenait bon.

- Seamus, je te le demande comme un service. Déclara-t-il presque solennellement.

- Tu ne t’adresses pas à la bonne personne ! Poursuivit Seamus.

- Je m’adresse au meilleur et toutes les opinions convergent, c’est toi le meilleur ! Rétorqua-t-il d’une voix posée.

- C’est vrai mais je refuse. Lâcha Seamus plus calmement.

- Je te paierai ce qu’il faudra. Insista Harry.

Seamus n’y tint plus et se leva brusquement de sa chaise, effectuant rageusement les cents pas derrière son bureau, ses mains esquissant de drôles de gestes, nerveux et imprécis.

- Bon sang Harry ! Mais ce n’est pas une question d’argent ! Tout l’argent que contiennent les coffres de Gringotts me sera bien inutile quand j’aurais tous ces fous furieux sur le dos ! On ne pose pas des questions à ces types sans en subir les conséquences !

Son ton était désespéré à présent et Harry percevait sans mal la pointe de panique s’étant glissée subrepticement dans la voix nasillarde de son ami.

- Je paierai aussi une équipe pour ta protection s’il le faut ! Réitéra Harry, il était résolu à ne pas fléchir.

Seamus secoua la tête de dépit.

- Tu es vraiment déterminé hein ? Demanda Seamus résigné.

Après tout, pouvait-on réellement refuser un service au Survivant ? Pouvait-on résolument renier le Sauveur ? Pouvait-on consciemment désavouer un ami ?

Harry hocha fermement la tête.

- Mais pourquoi ? Implora-t-il presque accablé.

Le regard d’Harry vacilla quelques secondes. Pourquoi ? Il n’en avait aucune idée. Il sentait que c’était quelque chose qu’il devait faire. Il n’avait aucune idée de ce qu’en seraient les conséquences, il en tremblait même un peu parfois mais il sentait simplement que c’était juste.

- Je ne peux pas te le dire Seamus. Répondit-il franchement.

- Je n’ai pas l’habitude de poser des questions à mes clients Harry mais ce que tu me demandes…

Seamus n’acheva pas sa phrase pourtant Harry hocha de nouveau la tête, il comprenait, ce qu’il sollicitait n’était pas facile, les risques encourus étaient grands et plus que tout il appréhendait l’issue pénible de ses démarches mais il avait confiance. Seamus ouvrit la pochette grise qu’il avait refermée et fixa le soyeux rectangle de papier glacé…

- Très bien Harry. Recontacte-moi d’ici la fin de la semaine et j’aurais peut-être quelques infos sur lesquelles rebondir. Termina-t-il d’une voix peu sûre.

- Merci Seamus. Dit simplement Harry avec gratitude.

- J’espère sincèrement que tu sais dans quoi tu mets les pieds… Murmura-t-il songeur.

Et Harry quitta le bureau de l’agence de détective la plus en vue du Londres sorcier et muggle.

Lorsqu’Harry rentra à l’appartement, il trouva Ron en grande conversation avec Hermione, il savait enfin se servir d’un « feliphone ». Après des mois de durs labeurs et d’explications prolifiques, Ron ne hurlait désormais plus dans le combiné.

- Allo ? Oui… oui Hermione… non… Souffla-t-il exaspéré. Oui Harry a mangé ce midi ! Comment ça c’est ma mère qui demande ? Oui ! QUOI ??? Hors de question que je lui répète ça ! Tu n’as qu’à dire à Ginny de transmettre ses messages elle-même ! Non je n’oublierai pas ! Oui… à samedi Hermione… Hermione… j’ai dit à samedi… Hermione je vais raccrocher maintenant !

Et il claqua le combiné sur le poste fixe alors que de bruyants éclats de rire lui parvenaient de la pièce à côté.

Ron le dévisagea, les bras croisés, son pied battant la mesure sur le parquet ciré.

- Je t’aurais bien transmis un message de la part de Ginny mais je viens déjeuner… Plaisanta Ron pauvrement.

Harry pouffa puis reprit rapidement son sérieux.

- Est-ce qu’on fête toujours Noël chez toi cette année ?

Harry vit le regard de Ron s’assombrir comme à chaque fois qu’il mentionnait cette fête. Il se souvenait pourtant que Ron adorait Noël du temps de Hogwarts.

Il était toujours le premier levé le matin de Noël, les yeux brillants de ces petites étoiles flamboyantes qu’il n’avait plus vues depuis une éternité, il fondait sur les paquets plus vite qu’un rapace sur sa proie, il déchiquetait les emballages que tous avaient peiné à rendre parfaits. Harry le soupçonnait de prendre un certain plaisir à voir virevolter les miettes de papiers cadeaux, qui pendant ces froides nuits d’hiver, ressemblaient à s’y méprendre aux doux flocons blancs flottant au gré de la brise glaciale parcourant les couloirs du château.

Cependant depuis que l’amalgame entre cette fête merveilleuse et la terreur de la guerre avait été fait, Ron n’aimait plus sapins richement décorés pour l’occasion, il n’aimait plus ces horribles chants traditionnels et ces chorales larmoyantes à tous les coins de rues, il n’aimait plus le vieil homme barbu qui n’existait que le temps d’une nuit et qui allumait ce feu crépitant sous les paupières des enfants endormis. Noël n’était plus qu’une formalité pour Ronald Weasley, juste un mauvais moment à passer, inévitable, inéluctable, inexorable.

- Parce que, continua timidement Harry, j’avais pensé qu’on aurait pu le fêter ici cette année…

Ron secoua la tête.

- Non, tu sais bien que ça tuerait maman de ne pas contrôler la fête, je crois qu’elle a besoin de ça. Peina à articuler le rouquin.

Ron avait changé, il ne savait si cela avait commencé avec la guerre ou bien après. Son comportement s’était radicalement transformé. Le Ron impulsif n’existait plus, il avait cédé sa place à un ersatz maussade. Il n’avait plus cette candeur enfantine. La fraîcheur taquine et espiègle de l’âge tendre l’avait délaissée pour un nihilisme inquiétant. Il n’avait plus goût à rien, il menait sa vie, jour après jour de la même manière, ne semblant rien attendre, rien espéré. Il se trainait, il existait mais n’y prenait aucun plaisir, il était juste là, espérant toujours être ailleurs. Seul son métier d’auror semblait lui procurer une ébauche d’émotion, une vague contrefaçon de frisson alors qu’il traquait chaque deatheater avec un acharnement maladif.

Harry ne pouvait s’empêcher de penser qu’il traquait plus qu’un deatheater, il traquait toujours plus qu’un serviteur du mal, Harry pensait qu’il traquait son diable à travers chacun de ses démons.

Hermione s’était beaucoup inquiétée après leur rupture, bien doux euphémisme alors que la culpabilité l’avait dévorée toute entière mais elle avait finalement réalisé que cette relation passionnelle ne les menait nulle part, ils s’entredéchiraient chaque jour un peu plus jusqu’à ce que l’un d’entre eux, Hermione, ait le courage de dire stop avant que cet éréthisme ne mette un terme définitif à leur amitié vétuste. Après cet épisode hasardeux, ils étaient tout de même restés proches et Hermione avait tout fait pour ragaillardir son ami.

C’est ainsi d’ailleurs qu’elle rencontra un ancien camarade de Hogwarts en la personne d’Oliver Wood, gardien de l’équipe nationale de quidditch avec qui elle avait réalisé une interview. Elle avait pu obtenir pour Ron grâce à lui des billets pour toute la saison, Harry en avait été malade de jalousie mais s’était tempéré après avoir constaté que c’était l’une des rares fois où Ron avait eu un vrai sourire, un de ceux qui se lit aussi dans les yeux et pas uniquement sur les lèvres.

Hermione avait souvent revu Oliver et cela faisait quelque mois que leurs relations avaient dépassé le cadre de la simple amitié. Harry et Ron aimaient beaucoup Oliver et les deux jeunes gens passaient beaucoup de temps à leur appartement, Oliver amenait souvent Ginny avec lui, puisqu’elle avait été sélectionnée comme poursuiveuse dans l’équipe nationale. La rouquine filait le parfait amour avec le Survivant.

- D’accord alors, ce sera au Burrow ! Soupira Harry.

C’est vrai qu’il aurait aimé que la fête se passe à leur appartement cette année et ce, pour de nombreuses raisons, pourtant il ne pouvait nier à quel point il appréciait de retrouver le Burrow chaque année, le premier foyer où il s’était vraiment senti chez lui.

- D’ailleurs, il faudrait penser aux cadeaux ! Tu as une idée toi ? Demanda Ron dont l’ennui se lisait parfaitement sur ses traits.

Harry secoua vivement la tête.

- Pas vraiment mais on pourrait peut-être se rendre à Diagon Alley samedi, on achèterait tout en une fois…

Si Harry aimait Noël, trouver le cadeau parfait était une vraie torture pour celui qui avait vaincu Voldemort. Si certaines personnes savait indubitablement faire mouche à chaque fois, Harry lui ne savait définitivement pas faire plaisir, il partait toujours de la plus merveilleuse des attentions, mais ses cadeaux avaient une fâcheuse tendance à faire un bide…

- Moi, tu sais, du moment que j’ai quelque chose pour toi et Hermione ! S’exclama Ron.

- Qu’est-ce que tu voudrais cette année ? Tenta timidement Harry.

Harry vit les prunelles de Ron se figer, les pupilles sombres immobiles, évanescentes, agonisantes, puis ses grands yeux bleus s’éteignirent et moururent dans un clignement destructeur et Harry se mordit la lèvre regrettant aussitôt sa question. Il n’avait jamais remarqué que ses yeux pouvaient changer si rapidement de nuance chromatique.

Ron se contenta de hausser les épaules, puis un mince sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il ajouta :

- Si quand je rentre du boulot épuisé, tu pouvais ne pas être entrain de faire je-ne-veux-pas-savoir-quoi à ma petite sœur… ce serait le plus beau jour de ma vie !

Harry ricana, il savait que Ron évitait de façon pitoyable le sujet mais il ne voulait pas le braquer.

                   

- Monsieur Finnigan, je suis désolé mais vous ne pouvez pas entrer avec votre baguette. Les règles de la prison sont strictes et aucune entorse au règlement n’est tolérée quelque soit le visiteur. Annonça froidement le gardien. Il semblait avoir bien appris sa leçon et la récitait avec application.

- Très bien, soupira Seamus en tendant sa baguette.

Après une fouille en règle, Seamus reprit son attaché case et s’engagea, en compagnie du gardien, dans l’un des longs corridors de la prison d’Azkaban.

L’air y était toujours glacial et les patronus étaient interdits sous peine de procurer aux prisonniers un moment de bien être suffisamment long pour qu’ils puissent s’échapper. Tout y était sombre, seules quelques faibles torches illuminaient leurs pas, dessinant de nébuleuses ombres opaques et terrifiantes sur les parois humides de l’obscur purgatoire. Il semblait à Seamus que les rats venaient gratter jusqu’au cuir hors de prix de ses chaussures neuves pour une faible ration de nourriture mais Seamus ne voulait pas baisser les yeux, bien trop effrayé à l’idée de ce sur quoi il devait être entrain de marcher.

La pierre était presque noire et il pouvait entendre le frémissement des vagues sur les rochers, seul son qu’il jugeait un tant soit peu apaisant. Seamus devait se concentrer s’il voulait chasser ses horribles souvenirs refaisant surface, il n’aimait pas cet endroit, il était démoniaque, et il évitait toujours de s’y retrouver, pourtant cette fois, il n’avait pas le choix.

- Alors Tom, apostropha-t-il le gardien pour distraire son esprit de ce calvaire interminable, comment va la famille ?

Seamus connaissait Tom depuis la guerre et il n’avait appris que récemment qu’il avait été affecté à Azkaban.

- Oh, Très bien Monsieur Finnigan, notre petite dernière entre à Hogwarts à la rentrée prochaine ! La maison sera bien vide sans les enfants ! Répondit-il une pointe de tristesse dans la voix.

- Ils reviendront pour les vacances ! Rassura Seamus. Et puis Hogwarts est une très bonne école, la meilleure, si vous voulez mon avis !

- Oui j’ai appris que c’est là où vous aviez fait vos études ! Déclara le gardien d’un ton enjoué.

- Exact ! Sourit Seamus.

- Avec sa mère, on espère qu’elle ira à Ravenclaw, elle est vraiment intelligente la petite !

- J’en suis sûr ! Ma femme était à Ravenclaw vous savez !

Le gardien eut un sourire extatique puis s’arrêta au détour d’un long couloir.

- Je n’ai pas le droit de vous accompagner plus loin Monsieur Finnigan, c’est la partie réservée aux criminels les plus dangereux…

Il se pencha prudemment vers Seamus pour lui dire à voix basse :

- … Seuls les dementors ont le droit de circuler dans cette partie de la prison. Mais ils ont été avertis de votre visite, ils devraient vous laisser tranquille ! Ne trainez pas trop quand même, ces créatures sont vicieuses ! Le numéro de la cellule est le 323 et ne vous inquiétez pas, on a jeté un sort de soumission sur le prisonnier, il ne pourra vous faire aucun mal mais vous ne pourrez pas l’empêcher de vous insulter ou de refuser de vous répondre. Vous avez une heure, je vous attends ici. Dit-il finalement en désignant une chaise que Seamus jurerait n’avoir pas été là quelques secondes plus tôt.

Seamus longea le dernier couloir d’un pas rapide, il n’avait absolument pas confiance en ces créatures, ils les avaient trahis une fois, rien ne prouve qu’ils ne recommenceraient pas.

Les lourdes portes métalliques des cellules semblaient blindées, imperméables à n’importe quel sortilège aussi puissants puissent-ils être, une fente au bas de la porte, probablement destinée aux repas ornait chacune des portes. Le silence était pesant et il crut entendre le léger bruit de vêtements froissés au loin, il pressa l’allure, regardant fixement le haut des portes sur lequel un numéro presque illisible était gravé.

320…

321…

322…

323…

Seamus sentit son cœur battre plus vite puis, alors qu’il avait la main sur la poignée, une question idiote lui vint à l’esprit : devait-il frapper ? Il décida que non. Il tourna la poignée, la porta grinça longuement et il fit un pas en avant.

La pièce n’était guère plus lumineuse que le couloir, il n’y avait aucune fenêtre mais deux torches disposées de part et d’autre de la pièce. Une large table carrée trônait au centre de la pièce encadrée de deux chaises, l’une était déjà occupée et Seamus déglutit difficilement lorsqu’il constata que le prisonnier n’était même pas menotté. Il fit quelques pas en avant, ne désirant toujours pas savoir sur quoi il marchait et pourquoi il lui semblait entendre couiner parfois… Le prisonnier renifla avec dédain et Seamus sursauta, avant de se dire qu’il était vraiment ridicule. Il conclut qu’un seul mot s’imposait pour décrire la pièce : glauque.

- Vous puez le sang mêlé ! Attaqua le prisonnier. C’est répugnant !

- Votre maître est mort ! Alors épargnez-moi vos préconceptions foireuses sur la supériorité des sangs purs ! Rétorqua froidement Seamus qui sentait déjà son sang bouillir dans ses veines.

- Quoique vous vouliez vous n’obtiendrez rien de moi, je ne traite pas avec les sangs mêlés ! Alors repartez de la poubelle qui vous a vomi ! Cracha le prisonnier avec véhémence.

- Il ne s’agit pas de traiter, je pose les questions et vous répondez ! Asséna Seamus d’une voix sans appel.

Le prisonnier éclata d’un rire franc et glacial puis reprit presque aussitôt son sérieux :

- Vous semblez oublier qui je suis ! S’exclama-t-il pompeusement se levant brusquement de sa chaise droit comme un i, bombant fièrement le torse.

- Je n’ai pas oublié ! Vous êtes un deatheater de la pire espèce ! Vous suivez sans honte les délires psychotiques d’un sociopathe eugéniste sans vous soucier une seule seconde des répercussions sur votre propre famille ! Vous être un être abject, hypocrite et lâche et je regrette de ne pas être tombé sur vous à la bataille car je me serais réjoui de vous achever de la plus douloureuse des manières !

L’homme se redressa dans toute sa splendeur d’autrefois et Seamus devait bien admettre qu’il était lumineux dans cette pièce si sombre, l’espace d’un instant Seamus crut qu’il allait payer le prix fort pour avoir soulagé sa langue mais il n’en fut rien l’homme se rassit face à lui, le menton droit, le visage fier. S’il avait fermé les yeux, Seamus aurait pu croire qu’il était reçu dans son manoir, pour une visite de courtoisie.

Il secoua la tête et sortit une pochette grisâtre de son attaché case, qu’il balança sans ménagement vers le prisonnier.

Le prisonnier n’y toucha pas, il se contenta de fixer le visiteur de son regard glacial et écœuré.

- Ouvrez ! Intima Seamus.

- Pourquoi le ferai-je ? Défia le prisonnier.

- Ca pourrait vous intéresser… Rétorqua Seamus énigmatiquement.

Ce n’était pas la première fois que Seamus avait affaire à des détenus mais d’ordinaire il opérait plutôt dans les prisons muggles pourtant il devait bien admettre qu’aujourd’hui il n’en menait pas large devant les réminiscences d’un cauchemar fuyant. C’était la première fois depuis la fin de la guerre qu’il était confronté à un deatheater.

- Ouvrez ! Ordonna Seamus.

Lucius Malfoy se pencha sur le détective si près que Seamus pouvait sentir le souffle glacial sur son visage.

- Non ! Défia-t-il de nouveau, un rictus sardonique sur les lèvres, dégustant le mot longtemps après qu’il eut roulé sous sa langue.

- Bien ! Explosa Seamus. Il prit rageusement la pochette la déchirant presque, en extrayant difficilement la pièce de papier glacé. Il la brandit telle une bannière devant les yeux de l’homme de glace.

Il crut percevoir de l’inquiétude et peut-être même une lueur de panique dans son regard lorsqu’il ne put faire autrement que de regarder la photographie.

- Il est arrivé quelque chose à Draco ? Demanda-t-il sa voix ne dissimulant plus sa crainte.

Seamus allait devoir la jouer fine, s’il répondait par la négative, Malfoy jubilerait et ne transmettrait aucune information, s’il avouait qu’il était à sa recherche, il était évident qu’il n’obtiendrait rien non plus, il opta donc pour un mensonge rapide et bien construit.

- Je n’en suis pas sûr mais j’ai entendu des rumeurs…

Il vit le corps de Malfoy se raidir sur sa chaise, il avait gagné.

- Quel genre de rumeur ? Demanda Lucius tentant vainement d’avoir l’air détaché.

- Certains de vos « collègues », commença-t-il non sans une pointe de dégoût,  ne semblent pas bien supporter le fait qu’alors qu’eux-mêmes croupissent en prison, d’autres semblent mener la belle vie et le reste encore libre ne serait pas contre une petite vengeance personnelle…

Le visage de Malfoy se décomposa.

- Draco… Murmura-t-il.

Puis il se reprit, Malfoy était vif et Seamus n’était pas au bout de ses peines.

- Mais qu’est-ce que cela a avoir avec vous ? Demanda soudain l’ex bras droit du Serpent, suspicieux.

Seamus se racla la gorge, cet entretien s’avérait interminable ! Son sang d’irlandais bouillait dans ses veines et son besoin irrépressible de malmener la gorge parfaite de Malfoy sénior aurait d’ici peu raison de lui.

- Eh bien, voyez-vous, mentit-il sans honte, un de mes clients trempe dans des affaires pour le moins crapuleuses, il a malheureusement eu à faire à certains de vos congénères et m’a demandé de faire quelques recherches pour son compte, pour faire chanter vos amis, il appuya vicieusement sur le mot, et il se trouve que votre fils, termina-t-il théâtralement, revient souvent dans l’équation…

Malfoy plissa les yeux et Seamus crut un instant qu’il tentait de sonder son esprit mais il ne s’avoua pas vaincu. Il avait un plan infaillible après tout, jouer sur l’angoisse d’un père impuissant était tout ce qu’il lui était venu à l’esprit entre son envie d’égorger le captain peroxyde et celle d’envoyer le survivant rejoindre son ennemi intime.

- Ecoutez Malfoy, commença-t-il avec aplomb sur le ton de la confidence, si jamais votre fils peut sortir mon client de l’embarras, je pourrais trouver un arrangement et faire en sorte que certaines pistes se brouillent disons à long terme…

Malfoy inspira longuement et garda ses yeux fixés dans ceux de Seamus, à tel point que Seamus faillit tout laisser tomber et rentrer à son bureau. Il allait se lever lorsque Lucius desserra enfin les lèvres.

- Qu’est-ce qui me dit que vous tiendrez parole ? Demanda-t-il sournoisement.

- Je n’ai qu’une parole ! Rétorqua Seamus légèrement piqué dans son orgueil avant d’annoncer son argument imparable : je suis un Gryffindor !

- La belle affaire ! Riposta Malfoy avec morgue.

- Bien, dans ce cas, termina Seamus en faisant mine de rassembler ses documents pour quitter les lieux, je pense que les prisonniers ont droit à une permission pour les enterrements des membres de la famille, nous nous reverrons à celui de votre fils, je présume. Et il inclina la tête.

Malfoy sénior n’hésita qu’une demi-seconde avant de lancer précipitamment :

- Je ne sais pas où il est. Il m’envoie quelques paquets à Noël, pour mon anniversaire, ce genre d’occasion mais il les fait parvenir par hibou, il n’y a jamais aucune adresse ni aucune carte d’ailleurs… Acheva-t-il avec une pointe d’amertume puis il renifla comme pour se donner contenance, il semblerait que le sort de son fils ne lui soit pas indifférent.

Seamus fronça les sourcils.

- Alors comment savez-vous que ça vient de lui ? Ca pourrait venir de n’importe qui ! Suggéra très justement Seamus.

Malfoy ricana.

- J’admets ne pas avoir été un père parfait mais je connais mon fils Finnigan ! Rétorqua froidement Malfoy.

- C’est tout ce que vous pouvez me dire ? Demanda encore Seamus.

- C’est tout ce que je sais ! Annonça placidement le prisonnier.

- Bien, dit Seamus en rassemblant vraiment ses affaires cette fois, dans ce cas je vous souhaite un excellent séjour ! Ironisa-t-il.

Il vit Malfoy sénior serrer les dents, nul doute sur le fait qu’il tentait de canaliser ses pulsions meurtrières, et sortit rapidement de la cellule. Il entendit un cliquetis une fois qu’il eut franchi la porte qui lui indiqua que la cellule avait été verrouillée de nouveau. Il rejoignit Tom exactement où il l’avait laissé et tous deux entreprirent le chemin inverse.

- Tom, demanda-t-il soudain, est-ce que les colis des prisonniers sont fouillés ?

- Bien sûr, Mr Finnigan, pas un colis n’est épargné. Affirma le gardien d’une voix grave.

Seamus fronça les sourcils.

- Et est-ce que vous savez si Malfoy en a reçu beaucoup ?

- Ah ça, je ne pourrais pas vous dire, c’est Robert, qui s’occupe de cette partie du fouillage. Répondit le gardien discrètement.

Seamus hocha la tête alors que le gardien développait.

- Mais je pourrais lui demander…

- Oui, ça m’aiderait énormément ! Demandez-lui s’il n’a pas noté quelques détails qui pourraient nous aider à localiser d’où viennent les colis. Poursuivit Seamus.

- Ben, je crois qu’il est de service vendredi, vous pourriez venir l’interroger vous-même, c’est un bon gars Bob, enfin Robert, toujours prêt à rendre service ! S’exclame Tom avec un grand sourire qui, ne put s’empêcher de noter Seamus, contrastait étonnamment avec l’austérité du bâtiment.

- Merci Tom, je n’y manquerai pas ! Remercia chaleureusement Seamus.

- Il prend son service à dix heures ! Informa Tom.

- Je serai là ! A bientôt Tom et bonjour à la petite famille ! Pria le détective.

Tom hocha vivement la tête et Seamus quitta la prison rapidement, il avait encore pas mal de choses à voir, cette affaire s’avérait être bien complexe, et il regrettait déjà d’avoir accepté.

Attablé à son bureau, Seamus compilait les données qu’il avait pu récolter. Il reprit son petit carnet. Il n’avait définitivement rien appris de très utile aujourd’hui. Après quelques heures à ressasser sa conversation avec Malfoy, il se surprit à penser à cet anthropologue muggle qui avait l’habitude d’élaborer ses théories de façon bien curieuse : il rassemblait toutes ses données quelles qu’elles soient et se contentait de les faire voler à travers la pièce dans le but que certaines similitudes lui permettant de dégager une théorie apparaissent. Malheureusement la méthode très aléatoire  lui ferait perdre beaucoup trop de temps.

Il se frotta vigoureusement les tempes et replongea dans les feuillets éparpillés sur son bureau. Il avait devant les yeux une carte de Londres muggle et sorcier, la photo de « l’homme à abattre » comme il aimait l’appeler, il trouvait ça plus impressionnant que « l’homme qu’il recherchait désespérément » et son entretien avec Lucius Malfoy. Tout ce dont il avait la certitude, c’était que Draco Malfoy s’était évaporé après la bataille finale. La dernière fois qu’on l’avait aperçu, il se trouvait dans le grand Hall entouré de ses parents. Il ne s’était même pas présenté à leur procès. Seamus avait soupçonné Malfoy sénior de le cacher mais après son entretien, il devait se rendre à l’évidence, Malfoy n’en savait pas plus que lui.

Tout ce qu’il avait appris qui aurait pu avoir une quelconque valeur aux yeux de l’enquête était que Malfoy recevait des paquets de son fils. Malheureusement, comme ils étaient livrés par hibou et sans jamais aucun mot les accompagnant, impossible de savoir d’où ils venaient et le monde était bien vaste lorsqu’on cherchait un homme. Pour autant qu’en savait Seamus Finnigan, Draco Malfoy pouvait se trouver n’importe où.

Il espérait que la fouille des colis effectuée par ce fameux Robert puisse lui apporter quelque chose.

Il nota sur son agenda ce précieux rendez-vous : vendredi, 10h00, Robert, prison d’Azkaban.

                   

- Dépêche-toi Ron ! On va être en retard ! Pressa Harry. On va encore se faire passer un savon par Hermione.

- J’arrive ! S’emporta Ron se débattant furieusement avec son pull-over. Mais je ne vois pas pourquoi elle tient absolument à ce qu’on y aille ce soir ! On est en plein milieu de la semaine, il y en a qui bosse, par Merlin ! S’indigna le dernier Weasley mâle.

- Pour une fois que c’est nous qui allons chez elle et pas le contraire tu peux faire un effort ! Reprocha Harry déjà résigné.

- Je préfère rester ici quand je ne travaille pas, on est bien assez en mouvement pendant nos missions ! Contra Ron.

Harry soupira.

- Je sais mais Hermione aime bien nous avoir tous un peu avant Noël, tu n’as jamais remarqué ? J’ai l’impression que c’est un peu son Noël à elle. Conclut Harry rêveusement.

- Génial ! Grommela Ron. Comme si on avait besoin d’un deuxième Noël !

- Considère que celui-ci est un peu plus… festif ! Lança Harry joyeusement en lui tapant affectueusement l’épaule.

Ron ne répondit rien et ils descendirent ensemble chercher George qui serait lui aussi de la partie.

- Tu es prêt ? Demanda Ron en promenant son regard sur les nouveautés à peine déballées que George avait reçues.

- Je crois qu’on n’est jamais prêt lorsqu’il s’agit d’Hermione ! Plaisanta George.

- Oh ça suffit tous les deux ! C’est seulement un dîner ! Reprocha Harry.

- Bon alors on y va ? S’impatienta Ron qui était toujours pour ce slogan très inspiré « plus vite parti, plus vite revenu ».

- Euh… hésita George, Hermione a dit que… je pouvais inviter quelqu’un et…

Le sourire d’Harry s’élargit alors que Ron donnait à son frère quelques malicieux coups de coude. George allait rétorquer quelque chose mais un pop sonore l’en empêcha.

- Salut la compagnie !

La voix qu’ils n’avaient pas entendue depuis de nombreuses années leur arracha un sourire extatique alors que les lèvres qui l’accompagnaient se posaient naturellement sur la bouche de George.

Ron écarquilla les yeux : depuis quand George avait-il recommencé à vivre ?

- WOW !!! Balança intelligemment le Survivant. J’avoue que tout ça est très inattendu…

- Tu exagères… je t’avais dit pas en public ! Murmura George gêné.

- Je ne sais pas si deux personnes peuvent être considérées comme un public tu sais… Répondit la voix chaude en relevant le menton du jumeau.

- Mais vous deux, ça fait longtemps ? Demanda Ron toujours sous le coup de la surprise.

- Eh bien je suis entré en trombe dans son magasin quelques jours après l’enterrement de Fred pour savoir pourquoi je ne faisais pas parti des associés…

- Je ne pense pas qu’ils doivent connaître toute l’histoire… Interrompit George rapidement.

- Mais si, elle est géniale cette histoire ! Et puis j’ai regardé son corps pendant qu’il regardait le mien et je lui ai demandé s’il voulait qu’on « s’associe »… Termina-t-il avec un sourire entendu.

- LEE !!! Cria George.

- L’écoutez pas il est timide ! Plaisanta Lee Jordans.

- Pas du tout et d’ailleurs si tu te souviens bien c’est moi qui t’ai « associé » ! Poussa George.

- Bien, s’exclama le petit frère couleur tomate, maintenant qu’on a étalé tous les détails salaces qu’un petit frère ne devrait jamais connaître pourquoi ne transplanerait-on pas ?

Harry, que la couleur tomate avait rejoint bien qu’il n’eut pas été le petit frère, acquiesça vigoureusement.

Ron s’ennuyait ferme dans ce petit appartement et il n’était qu’au début de la soirée. Hermione était lovée contre Oliver, il ne voulait pas savoir ce qu’Harry pouvait bien faire à sa petite sœur de même que ce qu’il se passait sous la table entre Lee et George,  bien qu’il s’en doutât un peu lorsque Lee « manqua » la cuisse de George une ou deux fois, et cette Laura Madley s’obstinait à vouloir lui faire la conversation.

- Tu ne dois sûrement pas te rappeler mais j’étais en troisième année quand tu as été nommé dans l’équipe de quidditch.

Ron feignit de s’intéresser un minimum. Il était persuadé que c’était encore un plan limoneux d’Hermione destiné à lui faire « enfin connaître les joies d’une relation saine et stable » comme elle se plaisait à les nommer.

- A gryffindor ? Demanda-t-il d’une voix neutre.

- Non, c’est pour cela que tu ne dois sûrement pas te rappeler… J’étais à Hufflepuff.

Ron la détailla comme s’il tentait de se rappeler et elle se soumettait bien volontiers à ce regard scrutateur. Il est vrai qu’elle était très jolie, Ron ne pouvait nier. Elle avait de longs cheveux noirs encadrant un visage oblong, fin et élégant, les yeux de la même couleur, assez profonds, il y avait quelque chose au fond, une drôle de lueur, peut-être l’alcool il n’était pas sûr. Elle n’était ni trop grande ni trop petite et avait des formes généreuses. Ron pouvait dire qu’elle devait avoir beaucoup de succès, il savait, il avait connu quelques femmes. Ce qui avait attiré son attention était ses mains, elle avait de longues mains fines et pâles, gracieuses qui semblaient danser uniquement pour lui.

- Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Questionna-t-il sans grand intérêt.

La première question qui lui était venu à l’esprit avait plutôt été « qu’est-ce que tu fais là, à un dîner soit disant de Noël, ou seuls la famille et les amis proches étaient conviés ? » mais il opta pour quelques chose de plus courtois.

- C’est mon attaché de presse ! Répondit Oliver pour elle.

Ron hocha la tête, il voulait partir.

Enfin Hermione annonça le dessert et Ron y vit la parfaite occasion pour s’isoler un peu dans la cuisine. Il préférait de loin la solitude à ce genre de dîner trop bruyant. Ron était un paradoxe vivant, il ne supportait pas cette solitude confinée dans la froideur de son appartement, celle qui le traquait et l’attendait tapie dans l’ombre lorsqu’il franchissait la porte pourtant la compagnie des autres le rendait physiquement malade et le supplice devenait insoutenable lorsqu’il devait parler, ouvrir la bouche et être poli était une véritable torture pour lui, pourtant chaque jour il s’obligeait à vivre et il mourrait un peu. Chaque jour il répondait lorsqu’on s’adressait à lui et chaque jour il voulait être ailleurs mais il ne savait où. Quel serait son refuge ? Où était son abri ? Avait-il un havre ? Son âme criait asile. Son appartement était devenu son rempart solide contre la tempête de son cœur, mais le rebelle planifiait l’attaque…

Il ramassa quelques assiettes et se dirigea vers la coquette cuisine.

- Hermione cuisine vraiment très bien ! Lança Laura.

Ron sortit de ses sinistres pensées et regarda la jeune fille, elle était vraiment jolie.

Il s’approcha et ne put s’empêcher de mêler sa main à ses longs cheveux noirs. Et sa bouche vint s’écraser sur celle de l’Hufflepuff, qui ne protesta pas, elles ne protestent jamais se mit à penser Ron, amer.

Très vite, les mains s’égarèrent et Ron songea qu’il était préférable de ne pas rester dans la cuisine. Il l’emmena alors vers une petite porte donnant sur un cagibi bien sombre, c’était parfait !

Il souleva précipitamment le tee-shirt de la jeune fille, flattant la chair de ses seins ronds et fermes pendant que son autre main se faufilait sous sa jupe. Elle ne portait aucun sous-vêtement. Il avait envie, il avait besoin. Il arracha presque les boutons de son pantalon pour en extraire son sexe douloureux puis souleva Laura de ses mains puissantes, elle enroula instinctivement ses jambes autour de lui et il la pénétra brutalement dans un grognement sourd alors qu’elle agrippait ses épaules. Il allait et venait en elle rapidement pendant qu’elle gémissait, son dos plaqué contre la paroi rugueuse du mur. Il la regardait fixement mais il ne la voyait pas. Elle était vraiment jolie et elle semblait prendre du plaisir, elle se cambrait contre lui, jetait sa tête en arrière en haletant parfois, s’abandonnait complètement, étouffant ses gémissements dans son cou ou avec sa main. Elle voulait lui faire plaisir il n’y avait aucun doute. Puis elle gémit plus fort, presqu’un cri, enfin elle se détendit dans ses bras, lui toujours en elle. Il n’avait même pas joui cette fois.

Il se retira et la fit descendre. Elle le regarda perplexe.

- Tu n’as pas…

Il ne répondit pas, il se contentait de la regarder. Est-ce qu’elle allait enfin partir ?

- Tu veux que je… Demanda-t-elle en avançant sa main vers son érection.

- Non. Répondit précipitamment Ron, les joues légèrement rouges d’excitation et d’embarras.

Laura quitta le cagibi et Ron soupira. Il regagna le salon après s’être soulagé. Il croisa le regard inquiet d’Harry mais le Survivant se garda de tout commentaire.

Lorsque la soirée s’acheva enfin, il était plus de minuit.

- Merci Hermione pour cette charmante soirée ! Remercia Lee en s’inclinant singeant le parfait gentleman.

- Je t’en prie Lee ! La prochaine fois tu seras des nôtres j’espère ! Invita Hermione, jetant un coup d’œil discret du côté de George.

- Eh bien ça dépendra de mon « associé »… Glissa-t-il à l’intention de George.

- D’ailleurs Hermione si tu pouvais garder ça pour toi disons jusqu’à Noël, tu sais, mes parents ne sont pas encore au courant… Murmura George.

Le regard de Lee s’assombrit l’espace d’un instant puis il lança :

- Oui imagine qu’ils nous trouvent à Noël étalés sur la table de la cuisine entre la dinde et le pudding…

Hermione pouffa.

- Lee… commença George tristement mais il ne poursuivit pas.

Lorsque tous les au revoir furent donnés en bonne et due forme, tout le monde transplana.

Ron était épuisé, il s’affala sur le canapé les yeux dans le vide. Harry se dirigea vers la cuisine et prit deux butterbeers, en tendit une à Ron et s’étendit sur le fauteuil d’en face.

- Tu l’as encore fait !

Ce n’était pas une question, ce n’était pas non plus un reproche, c’était plutôt une vague certitude. Mais le regard du survivant transperçait son ami sans gêne.

- Fais quoi ? Demanda Ron déjà excédé.

- Ne joue pas à ça avec moi, Ron, je te connais ! S’emporta-t-il.

Ron soupira d’agacement mais ne répondit pas.

- C’était où cette fois, hein ? Dans un placard ? Dans les toilettes ? Sur les escaliers de secours ? Il faut que tu arrêtes ça Ron !

Harry était très inquiet, il savait bien que ce n’était pas la première fois que Ron se livrait à ces activités, avec des femmes qu’il connaissait à peine dans des endroits souvent douteux.

Ron se leva brusquement, il était furieux, il balança violemment sa bière sur le mur avant de hurler :

- DANS UN CAGIBI !!! ET SI TU VEUX TOUT SAVOIR, JE N’AI MÊME PAS JOUI !!! T’ES CONTENT ?!!!

Il s’élança rageusement vers la porte de sa chambre qu’il claqua violemment.

Harry secoua la tête et répara les dégâts d’un coup de baguette.

                   

- NON… HARRY NON… SI ON MEURT POUR EUX, JE TE TUERAI HARRY !

La sueur recouvrait la totalité de son corps, Ron tremblait empêtré dans les draps humides de sueur. Ses paupières papillonnaient à un rythme effréné sous ses sourcils froncés et son cœur semblait près de se rompre, il pompait bien trop vite, il allait forcément claquer.

- HARRY… NON, NE LE LAISSE PAS TOMBER… HARRY TIENS-LE, TIENS-LE !

Tout son corps convulsait à présent alors qu’il déchirait presque les draps froissés entre ses doigts crispés.

Harry alerté par les cris, entra en trombe dans la chambre de son ami, c’était encore ce rêve…

Il s’accroupit au bord du lit et passa sa main sur le front trempé de Ron qui se débattait en hurlant comme un diable.

- TIENS-LE HARRY ! IL VA TOMBER ! LA PORTE EST LA… HARRY DEPECHE-TOI… NE LE LÂCHE PAS…

Harry continuait à passer la main dans les cheveux de Ron, ce simple geste semblait à chaque fois l’apaiser un peu, puis il murmura :

- Je le tiens Ron, il ne tombera pas, je le tiens bien…

- C’est vrai tu le tiens… ? Demanda Ron dans son sommeil d’une voix éraillée d’avoir trop crié.

- Oui, souffla Harry avec conviction, il est juste derrière moi, il ne tombera pas…

- D’ac-d’accord Harry, si tu le tiens… murmura-t-il encore, rassuré.

Harry alla dans la salle de bain et se saisit d’un linge frais et humide avec lequel il épongea le visage de Ron qui s’était finalement calmé. Il décrispa ses doigts des draps et le borda comme un enfant, il l’entendit marmonner une dernière fois :

- Ne le lâche pas Harry…

Puis il retourna dans sa chambre comme presque toutes les nuits.

Le matin Ron ne se rappelait jamais. Harry l’apostropha alors qu’il lisait le journal.

- Bien dormi ?

- Mmh… Grogna Ron.

Il se servit un thé puis vint s’asseoir en face de son ami, il but une petite gorgée pour se donner du courage.

- Ecoute Harry, je suis désolée pour  hier soir… Commença-t-il d’une voix encore rauque de sommeil…  je ne voulais pas… je me suis emporté…

Harry balaya ses excuses d’un revers de la main avant d’ajouter :

- Ce n’est rien… c’est de ma faute, tu avais raison, ta vie sexuelle ne me regarde pas !

- Hier j’avais juste besoin de… Tenta Ron.

- C’est bon ! Lui assura Harry. Je t’assure, tu n’as pas besoin de te justifier.

Harry pensait que pour le moment il valait mieux étouffer l’affaire, il reviendrait à la charge un peu plus tard.

Ron lui fit un petit signe de tête et ils terminèrent de déjeuner dans un silence confortable.

4 février 2008

4 février 2008

BONJOUR

Passionnées de fictions et fanfictions, nous avons commencé par explorer l'univers magique de JK Rowling, nous étendons désormais notre modeste talent à d'autres fandoms sans pour autant délaisser nos premiers amours.
Nous avons créé ce blog pour publier nos fanfictions préférées.
Une fois le blog bien en place, nous vous proposerons des concours de fictions, fanfictions et fanarts ainsi que des défis et créations à la demande.
Venez nombreux!
Lucius et Hamelina

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